Quelle issue à la crise libyenne? Réunis à Paris le 29 mai sous le parrainage des Nations-Unies, les quatre principaux acteurs de la crise libyenne ont convenu de tenir des élections présidentielle et législatives le 10 décembre prochain. « Nous nous engageons (…) à travailler de façon constructive avec l’Onu pour organiser des élections crédibles et pacifiques », affirme la déclaration politique approuvée par les quatre parties. Il s’agit du premier ministre du gouvernement d’union nationale, Fayez Al-Sarraj, du maréchal Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne et homme fort de l’Est du pays, du président de la Chambre des représentants, Aguila Salah, et du président du Conseil d’Etat, Khaled Al-Mechri. La déclaration de Paris a été adoptée oralement et non de manière écrite, comme initialement convenu, les différentes parties affirmant vouloir consulter leurs bases.
Les quatre dirigeants se sont engagés à « accepter les résultats des élections ». L’accord prévoit également la fin progressive du gouvernement et des institutions parallèles, ainsi que l’unification de la Banque Centrale de Libye et des forces de sécurité. Une conférence sous les auspices de l’Organisation des Nations-Unies est prévue pour suivre l’application de l’accord.
En dépit de l’espoir que pourrait soulever l’accord de Paris, celui-ci paraît peu réaliste. En effet, la tenue d’élections en Libye reste tributaire d’une certaine stabilité politique. Or, celle-ci fait toujours défaut. Le pays est toujours contrôlé par une nuée de groupes armés rivaux. Chacun de ces groupes cherche à renforcer son influence dans sa région. Par ailleurs, l’économie du pays est en ruine. Le plan de l’envoyé spécial des Nations-Unies, Ghassan Salamé, prévoit l’amendement de l’accord contesté de Skhirat, la tenue d’une conférence nationale et la tenue d’un référendum sur la Constitution, suivi d’élections dans un délai d’un an. Mais les pourparlers visant à amender l’accord de Skhirat ont abouti à une impasse. La tenue d’élections dans un tel contexte pourrait être largement hypothétique. L’Etat libyen ne possède ni les institutions, ni les dispositifs sécuritaires à même de garantir un processus électoral intègre et transparent. Et la tenue d’élections pourrait déboucher sur de nouvelles confrontations armées. Avant de tenir des élections, il est nécessaire de consolider les institutions et d’amorcer un processus de réconciliation nationale.
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