Vendredi, 13 décembre 2024
Opinion > Opinion >

Les Iraqiens veu­lent une nouvelle politique

Dimanche, 20 mai 2018

Quelle est la portée de la réus­site de Moqtada Al-Sadr aux élec­tions législatives iraqiennes ? La victoire du chef religieux chiite reflète la volonté des Iraqiens de marquer une rupture avec la poli­tique en vigueur depuis quelques années. Une politique fondée sur la proximité avec l’Iran. Elle reflète de même leur désir de voir s’instaurer des relations plus équilibrées avec les pays voisins de l’Iraq. Pour les premières élections post-Daech organisées dans le pays, les Iraqiens ont créé la surprise en plaçant l’al­liance antisystème et anticorrup­tion « La Marche pour les réformes », de Moqtada Al-Sadr, en tête du scrutin, allié aux communistes. M. Al-Sadr a clairement fait savoir qu’il était opposé à toute ingérence étrangère en Iraq. Il a par ailleurs promis « d’aider les pauvres et de combattre la corruption ».

La victoire de Moqtada Al-Sadr signifie un recul de l’influence ira­nienne en Iraq. Si Téhéran s’est réjoui des résultats des élections législatives libanaises, qui ont vu le Hezbollah pro-iranien consolider sa position, il n’en va pas de même en Iraq où la coalition de M. Al-Sadr est arrivée en tête devant Al-Hachd Al-Chaabi, milices chiites soutenues par l’Iran et dirigées par Hadi Al-Ameri.

Moqtada Al-Sadr a fait sa pre­mière apparition médiatique en 2004. Il dirige alors une milice para­militaire chiite, l’armée du Mehdi, qui lutte contre la présence améri­caine en Iraq. Le dignitaire chiite est connu pour ses discours popu­listes et son hostilité aux Américains. En l’espace de quelques années, il devient l’un des princi­paux acteurs sur la scène politique iraqienne. Et pour ces législatives iraqiennes, il s’est posé comme un dirigeant nationaliste qui refuse toute ingérence étrangère. Un fait qui irrite Téhéran, qui ne lui a jamais accordé véritablement son soutien.

Son succès aux élections législa­tives réconforte en revanche l’Ara­bie saoudite, qui depuis quelques années, cherche à contrer l’in­fluence iranienne dans la région. D’ailleurs, Moqtada Al-Sadr s’est récemment rapproché du Royaume wahabite, où il s’est rendu il y a quelques mois. Les relations entre Riyad et l’ancien premier ministre iraqien, Nouri Al-Maliki, s’étaient nettement dété­riorées en raison de la politique pro-iranienne de ce dernier. En 2015, un ambassadeur saoudien a été nommé à Bagdad, après une longue absence.

Face à la victoire d’Al-Sadr, l’Iran va tout faire pour empêcher la formation d’un gouvernement anti-iranien à Bagdad. Un haut respon­sable iranien était cette semaine à Bagdad pour essayer de rassem­bler les partis chiites. Le respon­sable iranien aurait apposé son veto sur une alliance entre les par­tis pro-iraniens et La Marche pour les réformes de M. Al-Sadr .

Mots clés:
Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique