Donald Trump a décidé d’y aller seul. En sortant de l’accord nucléaire iranien, le président américain n’a pas pris en considération la position des alliés européens favorables au maintien de l’accord. Il n’y a pas eu, non plus, de concertation avec les pays de la région. Si de nombreuses parties s’inquiètent des velléités hégémoniques iraniennes, les options préconisées ne sont pas toutes aussi radicales. La décision est très caractéristique de la politique unilatérale du chef de la Maison Blanche. Depuis son arrivée au pouvoir, Trump multiplie en effet ce genre de décision. En juin dernier, il avait annoncé le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Plus récemment encore, il avait pris la décision très controversée de transférer l’ambassade américaine en Israël, de Tel-Aviv à Jérusalem, ignorant les appels palestiniens, prenant ainsi les risques d’accroître encore plus les tensions israélo-palestiniennes et d’éloigner la solution à deux Etats. Une décision à laquelle non seulement tous les pays arabes et musulmans étaient opposés, mais également les alliés européens de M. Trump. La politique de Trump marque sans doute une rupture avec son prédécesseur Barack Obama, et reflète les orientations des faucons de son administration. John Bolton, l’actuel conseiller à la sécurité nationale, récemment nommé à la Maison Blanche, avait déclaré, il y a quelques années: « Si j’avais à recomposer le Conseil de sécurité aujourd’hui, je ferais en sorte qu’il y ait un seul membre permanent, car cela reflète le vrai rapport de force dans le monde ».
Cette fois-ci, au sujet de l’Iran, Trump est resté fidèle à sa stratégie « de la rupture ». Il prend là aussi un risque, celui de voir l’Iran se décharger de ses obligations internationales et de reprendre l’enrichissement de l’uranium. Tout dépend à présent de l’attitude des Européens et des autres grandes puissances comme la Russie et la Chine. Théoriquement, l’accord nucléaire est toujours en place, puisque les Etats-Unis ne représentent qu’une des puissances signataires du texte, c’est-à-dire les cinq pays permanents du Conseil de sécurité de l’Onu (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie) plus l’Allemagne. Mais il y a un paradoxe: en rétablissant les sanctions économiques à l’encontre du régime iranien, il est peu probable que les Européens soient en mesure de maintenir l’accord, car ils pourraient alors subir les effets des sanctions. Tout dépend aussi de l’attitude de Téhéran.
La politique iranienne inquiète certes, qu’il s’agisse du programme balistique ou de l’interventionnisme dans la région. Mais pour faire face à la volonté hégémonique iranienne, une approche plus « réfléchie » semblait nécessaire en coordination avec les pays de la région et sans prendre le risque d’accroître les tensions .
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