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Le livre, une arme antiterroriste

Lundi, 14 mai 2018

Est-il vrai que, dans le budget pré­senté actuellement au parlement, le gouvernement a réduit la part du ministère de la Culture de manière sans précédent? Un des députés m’a informé que le budget consacré au projet de la Bibliothèque de la famille a été tout simplement annulé. Est-ce vrai ?

Les commissions spécialisées ont terminé l’examen des différents aspects du budget, en prélude à sa soumission au parlement pour approbation. Mais je pense que ce sera grave de l’approuver sous sa version actuelle. Il s’agit là d’une annonce implicite de la part du gouverne­ment de renoncer au combat mené contre le terrorisme. Un combat dans lequel l’Egypte a payé un prix cher ces dernières années. Le pays a souffert d’une instabilité et d’une insécurité sans précédent.

Ces dernières années, l’Egypte a enregistré un franc succès dans l’aspect sécuritaire de la lutte antiterroriste. Et je pensais qu’après ces réus­sites, il était temps de s’attaquer aux sources idéologiques pour les éradiquer complètement. Au lieu de se pencher sur cette bataille, nous laissons le champ libre au terrorisme pour se revigorer et pour donner naissance à de nou­veaux éléments fanatiques.

Lorsque je dis que nous avons réalisé un suc­cès dans notre guerre contre le terrorisme, nous devons être conscients que cette guerre était contre les actes terroristes et non pas le terro­risme en soi. On lutte contre les crimes terro­ristes par les armes et la loi. Les armes ont accompli leur mission avec courage. Que ce soit l’armée ou la police qui ont fait face à la lâcheté de ces criminels ayant visé les fils de la patrie et les installations nationales. Dans les deux cas, du sang a coulé, les martyrs ont été décorés et la magistrature a assumé son devoir en bonne et due forme.

Mais comme je l’ai dit, tous ces efforts étaient dirigés contre les actes terroristes et non pas le terrorisme en tant que tel. Le terrorisme repose sur une pensée déraillée enracinée dans les mentalités de ses acteurs. Et on ne lutte pas contre une pensée par la loi ou les armes, mais par la culture, les lettres et l’art aussi. Dans cette bataille, les armes ne sont ni les bombes ni les fusils, mais le livre, le film ou la musique. Et ce qui a été ignoré par l’Etat pendant des décen­nies, c’est ce qui a laissé le champ libre à cette idéologie alternative fondée sur le fanatisme, l’extrémisme et le confessionnalisme.

Je m’étonne comment, pendant toutes ces années, nous nous sommes contentés de faire face aux crimes terroristes, et nous n’avons pas été sensibilisés à la nécessité de mettre en place un plan national incluant les ministères de la Culture, de l’Education, de l’Enseignement supérieur, de la Jeunesse et du Sport, de la Solidarité et le Conseil suprême de la presse et des médias. Ces organes auraient pour objectif de faire face à la pensée terroriste à travers les esprits qui ont, pendant longtemps, étaient en proie aux prédicateurs du terrorisme, du sala­fisme et de la déviation. Ainsi, le livre sera l’arme essentielle du combat.

L’article 48 du chapitre 3 de la Constitution intitulé « Les piliers culturels » stipule que la « culture est un droit pour tout citoyen, assuré par l’Etat qui doit lui procurer les ressources nécessaires à tous les segments de la société ». Il s’agit là de la voie adéquate pour lutter contre ces déviations qui sont à l’origine du terrorisme. De là émane l’importance du projet de la Bibliothèque de la famille qui a réussi à dépas­ser un obstacle majeur limitant l’impact que pouvaient avoir l’esprit, la culture et le savoir, à savoir son prix élevé et qui était subventionné par l’Etat.

Pendant des années, nous n’avions qu’une seule occasion annuelle, à savoir le Salon du livre, pour faciliter au citoyen l’accès au livre à des prix abordables. Mais, grâce au projet de la Bibliothèque de la famille qui s’est étendu sur des années, un grand nombre de lecteurs, des millions, ont pu avoir accès au livre. Aujourd’hui, nous devons faire en sorte que ce projet soit plus efficace en ciblant le plus grand nombre de lectorat pour réaliser l’objectif et appliquer la Constitution. Nous devons donc augmenter son budget et non pas l’annuler pour laisser le champ libre à l’idéologie terroriste que nous comptons éradiquer.

Ce n’est pas l’arme qui influence les esprits, mais plutôt la pensée avant-gardiste qui les façonne.

Nous avons certes gagné une bataille, mais cette bataille ne s’est pas penchée sur les racines du terrorisme. En renonçant à un projet comme celui de la Bibliothèque de la famille, on renon­cerait à l’essentiel. J’appelle tous les députés à prendre conscience de ce danger et à insister sur le fait que le gouvernement accorde les fonds nécessaires au projet de la Bibliothèque de la famille, si nous voulons réellement combattre le terrorisme .

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