Après la révolution, la Cour constitutionnelle a adopté des positions étranges qui ont suscité la surprise du monde entier et des Egyptiens fidèles à leur pays. Ces positions nous poussent à nous interroger sur le respect par la Cour de la souveraineté du peuple égyptien en tant que source de l’autorité dans sa nation. La loi parlementaire et la loi de la pratique des droits politiques ont été envoyées à la Cour constitutionnelle il y a 3 mois, après l'entrée en vigueur de la nouvelle Constitution. La Cour a renvoyé des remarques qui ont été prises en considération et quand le président a émis la décision de l’appel au vote pour la formation de l’Assemblée du peuple, la justice administrative s’est opposée à la décision présidentielle et l’a suspendue. Ici, la présidence a respecté la décision et deux autres projets de loi ont été élaborés par le Conseil consultatif, alors que 9 amendements ont été reçus par la Cour constitutionnelle sur les deux lois. Le plus curieux des amendements concerne l’article 1 de la loi de la pratique des droits politiques qui donne le droit de vote et de candidature à tous les Egyptiens sauf les forces de l’armée et de la police en service. Là, l’avis de la Cour constitutionnelle est venu contredire l’avis de sa réponse précédente dans le contexte de la même loi. Selon cet avis, une discrimination entre les citoyens est pratiquée et le droit de citoyenneté est bafoué en ce qui concerne les membres de l’armée et de la police en les privant du droit de vote lors d’élections nationales.
Cette position de la Cour constitutionnelle suscite plusieurs questions. La première est de savoir pourquoi cette interprétation est revenue après une campagne visant à inciter l’armée à intervenir dans la vie politique. Et pourquoi son appel à intervenir pour sauver l’Egypte de la situation politique et de l’avenir obscur dans le contexte de la présence d’un président — légitime — et des islamistes au premier rang sur la scène politique ? Il y a aussi eu un appel au ministre de la Défense, Al-Sissi. Toutes ces tentatives ont échoué. Al-Sissi a fait une déclaration ferme, où il a assuré que l’armée resterait éloignée du jeu politique. Et il est vraiment surprenant que ceux qui ont fait cet appel se disent appartenir au courant civil qu’ils soient libéraux, gauchistes ou laïcs. Dans sa déclaration, Al-Sissi a mis au clair le rôle national et intègre des forces armées qui consiste à préserver l’unité des pays, protéger ses frontières et soutenir la légitimité. Alors :
1. Où sont l’intérêt général et la protection de la sécurité nationale égyptienne dans cette interprétation qui a pris la partie de l’intérêt personnel au détriment de l’intérêt public, en retirant l’armée et la police de la scène politique ?
2. Est-ce que ceci signifie que des campagnes électorales seront organisées dans les institutions militaires et policières, comme étant l’un des droits du candidat et de l’électeur ?
3. Est-il possible, dans le cadre des mêmes droits personnels, que le candidat obtienne une base d’information concernant l’armée et la police pour les électeurs ?
4. Est-ce que les représentants des partis politiques, les hommes de médias et les observateurs locaux et internationaux seront autorisés à pénétrer dans les bureaux de vote se trouvant dans les institutions militaires ?
5. Est-il possible d’obliger les membres de l’armée et de la police de protéger le siège d’un parti auquel ils n’appartiennent pas ou de protéger les bureaux de vote ? Quelle sera la situation si un dirigeant de l’armée n’appartient pas au même parti de ses soldats ou s’ils ne soutiennent pas tous le même candidat ?
6. Cette tentative de la part de la Cour constitutionnelle d’attirer l’armée du jeu politique et de la détourner de son rôle essentiel est dans l’intérêt de qui, au juste ?
L’armée égyptienne restera la plus forte de la région et la plus loyale, elle ne répétera pas l’expérience des Etats voisins, dont les armées ont été attirées dans des conflits éthiques, tribaux et partisans .
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