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La Syrie et les frappes occidentales

Al-Ahram Hebdo, Dimanche, 15 avril 2018

Avec les frappes occidentales en Syrie, le conflit syrien entre dans un nouveau tournant. En lançant des attaques contre des infrastructures et des installations syriennes, Washington et ses alliés européens, dont l’influence était en régression depuis des années en Syrie au profit de la Russie, amorcent un retour sur la scène syrienne. Sur le plan militaire tout d’abord. En 2013, Barack Obama, craignant de s’embourber en Syrie, faisait marche arrière au sujet d’une intervention militaire concertée avec la France dans ce pays, après des accusations contre le régime syrien d’utiliser des armes chimiques. Depuis, l’influence des Occidentaux a drastiquement diminué en Syrie, même si les Américains ont continué à jouer un rôle important dans la lutte contre Daech. Ce retour des puissances occidentales sur la scène syrienne est manifeste aussi dans le déploiement militaire dont disposent les Etats- Unis et la France dans la région kurde de Minbej.

Il reste à savoir quelles seraient les conséquences de ce retour des Occidentaux sur la scène syrienne, et s’il va changer les rapports de force sur le terrain. Les Occidentaux, qui ne veulent pas de confrontation militaire directe avec Moscou, ont pris soin d’éviter toute attaque contre des installations russes en Syrie. Les Russes ont été prévenus de ces attaques. Et on peut donc imaginer que le régime de Bachar Al-Assad a lui aussi été prévenu. En supposant qu’il a utilisé des armes chimiques, il aurait eu le temps de les déplacer pour les mettre à l’abri des frappes. Les attaques ont donc un caractère symbolique.

Pourtant, le risque d’un bras de fer avec les Russes en Syrie est omniprésent. Vladimir Poutine a fustigé dans les termes les plus fermes les attaques occidentales les qualifiant de « geste d’agression ». « Ces attaques ont été lancées sans l’aval du Conseil de sécurité de l’Onu, sans attendre les résultats de l’enquête et sans recueillir des preuves tangibles sur l’usage par le régime syrien d’armes chimiques », a déclaré le président russe. Moscou a par ailleurs saisi le Conseil de sécurité de l’Onu. En réaction à ces attaques, les Russes pourraient déverser leur colère sur l’opposition syrienne, protégée par les Américains, afin d’assurer le maintien de Bachar Al-Assad au pouvoir et de protéger les intérêts russes, avec pour conséquence une exacerbation du conflit. Si les Occidentaux décident d’entreprendre une action plus grande pour déstabiliser le régime d’Assad, la réaction russe pourrait être bien violente, d’où le risque d’une nouvelle escalade. Indubitablement, les attaques occidentales sont à mettre sur le compte du bras de fer entre les superpuissances. Un bras de fer qui n’est pas près de prendre fin .

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