Des appels se sont fait dernièrement entendre à travers les médias et la presse invitant à dialoguer avec les Frères musulmans. A mon avis, il est tout à fait inutile de dialoguer avec des terroristes qui, depuis 1990 ans, ont fondé leur organisation sur le recours à la violence et aux assassinats.
La vérité est que certains cercles occidentaux ont tenté de nous imposer ce genre de dialogue après la révolution du peuple égyptien contre les Frères musulmans le 30 juin 2013, prenant pour prétexte la reconnaissance de toutes les forces présentes sur la scène égyptienne. Or, ces cercles eux-mêmes n’ont pas accepté l’idée du dialogue quand ils ont été victimes d’opérations terroristes comme celles dont nous avons été victimes.
Mais entendre cet appel de l’intérieur n’est pas compréhensible et suscite des doutes au lieu de résoudre des problèmes. Le moment n’est pas propice à un tel dialogue, et l’opinion publique n’est pas prête à l’accepter. Il était donc normal de voir certaines plumes crédibles s’opposer à cet appel.
Depuis la révolution du 30 juin, le sentiment dominant est le refus de dialoguer avec des gens dont les mains sont couvertes de sang. Ce sentiment existe chez les hommes de la police et de l’armée, et chez les citoyens qui étaient présents sur les lieux des actes terroristes.
J’ai entendu dire que l’appel au dialogue avec les Frères musulmans avait été lancé au cours d’une émission télévisée animée par le journaliste Emadeddine Adib, mais en revenant à l’émission, je n’ai rien trouvé qu’on pourrait comprendre comme étant un appel à dialoguer avec les terroristes. Adib a clairement dit qu’il existait des jeunes qui n’appartenaient pas à la confrérie, mais qui sympathisaient avec eux, et que nous devons leur éclaircir certains points pour les gagner dans nos rangs.
Cependant, je ne suis pas d’accord avec Emad Adib, non pas concernant ce qu’il a proposé, car l’appel à attirer les jeunes vers la bonne voie pour les sauver est un principe patriotique indiscutable. Mon désaccord concerne la supposition sur laquelle a été basé l’appel et selon laquelle un grand nombre de jeunes sympathiseraient avec la confrérie et ses orientations intellectuelles et politiques. Aujourd’hui, nous passons par une phase de notre histoire avec la confrérie complètement différente de celle des années passées.
A mon avis, ce qu’il y a de plus important dans la révolution du peuple du 30 juin n’est pas uniquement d’avoir renversé le pouvoir des Frères, malgré l’importance des faits. Mais ce qu’il y a de plus important, c’est que des millions d’Egyptiens qui sympathisaient avec les Frères musulmans et qui leur avaient donné leurs voix pour diriger le pays sont sortis pour annoncer leur volonté de renverser ce pouvoir et ont appelé l’armée à intervenir. Quant aux Frères musulmans, ils ont tenu au pouvoir en tentant de se protéger avec les déclarations constitutionnelles, et ont refusé l’idée d’élections précoces.
C’est ainsi qu’ils ont perdu la sympathie de la base populaire qui les soutenait à des degrés différents pendant près d’un siècle. En réalité, la force réelle des Frères musulmans ne résidait pas dans les membres de leur organisation terroriste, dont le nombre est estimé à près d’un demi-million. Mais cette force provient du soutien des cercles de sympathisants évalués à plusieurs millions. Ce sont eux qui leur donnaient leur voix à chaque fois que cela était possible, que ce soit aux élections législatives ou présidentielle.
La signification réelle de la chute fatale des Frères musulmans qui a eu lieu le 30 juin est qu’ils ont perdu le soutien des cercles populaires de sympathisants, et sur lesquels comptent tous les partis et toutes les forces dans le monde entier. Et la majorité des voix que ces partis et forces obtiennent aux élections vient de cette base de sympathisants dont le nombre dépasse de loin celui des cadres des partis.
Mais ce qui s’est passé en Egypte est qu’en moins d’un an, des millions de sympathisants ont vu la réalité des Frères musulmans qui était cachée pendant 90 ans. Ils sont alors sortis par millions pour crier contre le pouvoir des Frères musulmans. Et il est aujourd’hui courant d’entendre de simples gens prier pour que jamais les Frères musulmans ne reviennent au pouvoir.
L’appel à aider les jeunes à découvrir la réalité des Frères musulmans est tout à fait légitime. Mais cet appel est venu trop tard. Ce sont les gouvernements consécutifs qui auraient dû adopter un tel appel, et dans ce cas, les Frères musulmans ne seraient jamais parvenus au pouvoir. Mais tout a pris fin le 30 juin 2013, et c’est là que réside l’évolution qualitative sans laquelle le 30 juin aurait simplement été une date qui a marqué la chute d’un pouvoir et le commencement d’un autre.
II y a des Frères musulmans qui n’osent pas dévoiler leur personnalité, et qui se présentent comme étant des sympathisants avec eux et qui nous appellent à leur ouvrir des portes. Mais en même temps, ils continuent à planifier des actes terroristes qui frappent tout le monde. Quant aux foules de sympathisants avec les Frères musulmans, elles se sont dissipées le 30 juin .
Lien court: