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La réponse du gouverneur du Caire

Lundi, 12 mars 2018

J’ai été heureux de recevoir, il y a quelques jours, un appel téléphonique de l’ingénieur Atef Abdel-Méguid, gouverneur du Caire. Ceci en réponse à mes articles publiés voilà deux semaines sur la démolition des villas dans le quartier résidentiel de Maadi, comme dans tant d’autres, pour les remplacer par des constructions à étages multiples. J’avais évo­qué les raisons derrière la suspension des nouvelles constructions, et j’avais dit que cette décision avait été gelée à partir du 31 janvier dernier.

J’avais également publié un certain nombre de plaintes provenant des résidents du quartier qui déplorent l’expansion urbaine exagérée. J’avais dit que les seuls bénéficiaires de cette situation étaient une poignée d’entrepreneurs connus qui ont réalisé des gains incroyables en s’appropriant les anciennes villas, ayant tou­jours été l’empreinte du quartier, pour les démolir et les remplacer par des blocs de ciment immenses. Le cardiologue de renom Aziz Madkour m’avait dit qu’une villa près de la sienne à Maadi avait été vendue l’année dernière et son propriétaire avait commencé les constructions bien avant le gel de la déci­sion. Les différents avis, qui me sont parve­nus, sont d’accord que le gel de la décision représente une catastrophe urbaine qui affecte­rait sans nul doute le quartier comme tant d’autres du fait que les infrastructures ne sont pas en état d’absorber cette « explosion » des tours géantes.

M. Le gouverneur a exprimé l’intérêt de pré­server la nature urbaine de Maadi et autres quartiers. Il m’a informé qu’il n’y avait pas de décision de suspendre la construction des tours dans les quartiers. Mais que par contre, il vient de la prendre parce qu’il tient à préserver le caractère des quartiers résidentiels. Sachant que l’infrastructure de ce quartier est surchar­gée et ne peut supporter de nouvelles construc­tions. Le gouverneur m’a dit que c’est pour cela qu’il avait émis la décision numéro 6144 de l’année 2017 qui suspend l’octroi des licences de construction dans certains quartiers du gouvernorat du Caire pendant 6 mois, dont Maadi, Héliopolis, Nozha, l’est et l’ouest de Madinet Nasr, l’ouest du Caire, Zaytoun et Hadaëq Al-Qobba. La décision a été prise après approbation du conseil exécutif du gou­vernorat du Caire et du premier ministre. En vertu de l’article 44 de la loi 119 de l’année 2008, le gouverneur peut, après approbation du conseil local, suspendre les licences de construction pour des considérations relatives à l’urbanisation ou à la planification « à condi­tion que cette suspension n’excède pas six mois ».

Le gouverneur a estimé que cette décision était correcte pour préserver l’infrastructure et les services comme l’électricité, l’eau et le drainage sanitaire. Le gouverneur a donné ses directives aux compagnies de services afin de renouveler et d’élargir les réseaux d’infrastruc­tures et de services, en coordination avec le ministère du Logement et des Nouvelles agglo­mérations urbaines.

Le gouverneur m’a expliqué que le prolonge­ment de la décision de suspendre les licences revient au Conseil supérieur de la planification et du développement urbain et non pas au seul gouvernement. La seconde clause de l’article 44 de la loi 119 stipule que ce conseil « a le droit de proroger la suspension de deux ans en cas de demande justifiée du gouverneur ».

Le gouverneur m’a assuré au cours du contact téléphonique que les spécialistes du gouvernorat du Caire ont étudié le prolonge­ment du délai à deux ans, mais ils y ont renoncé en étudiant les problèmes qui peuvent en découler. Et de poursuivre que certaines constructions se trouvent aux abords du quar­tier et ne représentent donc aucune charge pour les infrastructures.

Cette décision est-elle satisfaisante pour les résidents de Maadi? Va-t-elle régler les pro­blèmes des constructions et l’incapacité des infrastructures à supporter cette charge? Les habitants m’ont envoyé une copie de la plainte qu’ils ont déposée au président de la République, au premier ministre, au gouverneur du Caire et au président de l’Organisme de la coordination urbaniste, et intitulée, « Appel au secours contre la démolition des villas de Maadi ». Ils y annon­cent que le quartier de Maadi a un caractère architectural et esthétique spécial. Ils ont décla­ré que la démolition des anciennes villas et la construction de nouveaux logements aux mul­tiples étages changeraient la nature du quartier et élimineraient les espaces verts. Les atteintes portées aux infrastructures sont un épuisement des ressources de l’Etat, car il existe d’autres régions qui ont plus besoin de services à cause du manque de drainage sanitaire et de la rareté de l’eau potable. « Ainsi, nous désirons que vous arrêtiez toute licence de construction de n’im­porte quelle villa à Maadi et que vous interdi­siez les nouvelles constructions allant à l’en­contre de l’aspect architectural et esthétique ».

En toute loyauté, j’ai exposé l’avis des deux parties : celui des autorités du quartier et du gouverneur et celui des habitants de Maadi. Y a-t-il un moyen de parvenir à un compromis ?

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