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L’année du chien

Dimanche, 18 février 2018

Le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a présenté ses voeux au monde entier à l’occasion du Nouvel an chinois, l’année du chien. Et ce, au moment où l’armée israélienne affronte un problème crucial. En effet, la compagnie hollandaise Four Winds K9 a refusé, avec le début de l’année du chien, de lui fournir les chiens qu’elle lui exportait pendant les 20 dernières années pour être utilisés dans les attaques contre les Palestiniens. Un jeune Palestinien de Cisjordanie du nom de Hamza Abou-Hachem a dernièrement intenté un procès contre la compagnie hollandaise à la suite des blessures dangereuses qu’il a subies à cause des chiens que les soldats israéliens ont lancés sur lui il y a trois ans. En effet, la compagnie livre à l’une des unités de l’armée israélienne de l’occupation connue sous le nom de K9 des dizaines de chiens par an. Le directeur général d’Al-Haqq, la plus ancienne organisation de défense des droits de l’homme dans les territoires occupés, Shawan Jabarin, avait annoncé que ces chiens recevaient un dressage spécifique pour devenir d’une grande férocité et qu’ils étaient intentionnellement utilisés pour terrifier et attaquer les Palestiniens, notamment lors de la dispersion des manifestants ou des attaques lancées par les unités de l’armée contre les maisons des Palestiniens pendant la nuit.

Les Américains avaient utilisé ces chiens contre les Afro-américains qui réclamaient leurs droits dans les années 1950, mais aussi dans leur guerre en Afghanistan. Par ailleurs, le gouvernement raciste de l’Afrique du Sud les avait utilisés contre les citoyens africains qui réclamaient leurs droits durant l’ère de l’apartheid.

Dans son procès, Abou-Hachem s’est basé sur les déclarations de l’un des propriétaires de Four Winds publiées dans la presse en 2015. Ce dernier avait déclaré que 90% des chiens utilisés par l’armée israélienne étaient dressés par sa compagnie. Des hommes de droit hollandais avaient demandé à la ministre hollandaise du Commerce d’interdire l’exportation de ces chiens, vu leur férocité et l’usage qu’on en fait. A cette époque, la ministre avait exprimé sa volonté d’interdire l’exportation des chiens, mais elle avait déclaré qu’elle n’avait pas trouvé le fondement juridique qui justifierait cette décision.

Dans le procès intenté il y a quelques semaines, Abou-Hachem a déclaré qu’il avait 16 ans en 2014 lorsque les soldats israéliens ont lancé deux chiens pour l’attaquer, les deux bêtes ont mordu sa jambe, son bras et son épaule, lui causant un handicap permanent. Et ce, alors qu’il affrontait avec les autres jeunes hommes du village les forces de l’occupation venues confisquer les terres du village pour construire une nouvelle implantation juive. L’un des soldats avait filmé la scène alors que les chiens poursuivaient et attaquaient le jeune homme, tandis que les soldats les incitaient à continuer à le mordre tout en lui adressant des injures, et que ses cris de frayeur s’élevaient. Quand le jeune homme s’est totalement effondré, il a été arrêté. Le soldat a alors publié cette vidéo sur Facebook avec un commentaire disant que les chiens avaient donné une leçon inoubliable au « jeune terroriste ».

La défense a déclaré que cette utilisation barbare et inhumaine des chiens représente une violation évidente de la quatrième Convention de Genève qui stipule la protection des civils dans les territoires soumis à l’occupation, précisant que l’utilisation des chiens dressés pour attaquer les Palestiniens de cette manière féroce a pour objectif d’imposer la domination d’Israël sur les territoires palestiniens occupés et de confisquer ces terres pour implanter davantage de colonies juives illégitimes, concluant que la compagnie, en fournissant ces chiens à l’armée israélienne, viole, elle aussi, les principes des droits de l’homme.

Par ailleurs, l’un des plus importants talk-shows de la BBC, Hard Talk, a dernièrement diffusé une émission singulière dans laquelle il a accueilli l’un des soldats israéliens qui a refusé d’exécuter les ordres et d’attaquer les maisons palestiniennes en pleine nuit pour les confisquer. Il a formé avec ses camarades un groupe appelé Breaking The Silence (briser le silence) dans lequel ils parlent des atrocités que commettent les soldats israéliens contre les Palestiniens, réclamant de mettre un terme à l’occupation israélienne des territoires palestiniens.

Cet officier israélien nommé Avner Gvaryahu a raconté comment il avait quitté l’armée avec des centaines de camarades en signe de protestation contre ces pratiques barbares. Il a raconté combien il souffrait lorsqu’il était obligé de dévaster des maisons palestiniennes en pleine nuit, notamment à Naplouse et à Jénine. Il a aussi dit qu’il ne pouvait assumer les regards perçants que lui adressaient les Palestiniens et la colère silencieuse qu’il affrontait à chaque fois qu’il envahissait la maison de citoyens innocents qui n’ont commis aucun crime. Gvaryahu a déclaré que son groupe collecte, depuis 13 ans maintenant, les témoignages des soldats qui refusent les politiques de l’occupation en jetant la terreur dans le coeur des civils palestiniens et en les humiliant de manière permanente afin de les convaincre qu’ils sont impuissants et qu’ils ne peuvent rien. D’après lui, les témoignages ont également révélé le pillage que les soldats israéliens faisaient à chaque fois qu’ils démolissaient des maisons palestiniennes.

Le journal israélien Haaretz a lui aussi publié une enquête sur ces confiscations et ces démolitions qui se faisaient en pleine nuit et au cours desquelles les chiens dressés pour attaquer violemment les Palestiniens étaient largement utilisés.

Mais la barbarie des attaques contre les Palestiniens et leurs propriétés s’est accrue après la reconnaissance du président américain Donald Trump de Jérusalem en tant que capitale d’Israël. Une reconnaissance illégale exactement comme la confiscation des territoires et des maisons palestiniens, mais qui a encouragé les Israéliens à construire davantage de colonies, et par conséquent, à augmenter la violence de leurs attaques contre les Palestiniens et à attaquer leurs maisons que ce soit avec l’utilisation des chiens ou pas.

Tout ceci était au début de l’année, avant l’avènement de l’année du chien selon le calendrier chinois, et avant que le secrétaire général de l’Onu n’adresse ses voeux au monde entier. Des voeux dans lesquels il a confirmé que le chien a toujours été le meilleur compagnon de l’homme et que l’année du chien était le symbole de la fidélité et de la confiance. Une confiance qui incite à l’union et à la coopération dont nous avons grand besoin dans notre monde d’aujourd’hui.

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