En 2017, la Syrie a connu des événements très importants dont l’anéantissement du groupe terroriste Daech et la libération des territoires qu’il contrôlait ces 3 dernières années. Ensuite, la branche d'Al-Qaëda en Syrie, connue sous le nom Al-Nasra ou Ahrar Al-Cham, a été assiégée dans les alentours d'Idleb et sa province. Enfin, l’idée des zones de désescalade, en particulier dans le sud-ouest du pays et à Alep et sa province a réussi. Cette idée est née de l’axe des négociations d’Astana qui focalisent sur le côté militaire. Toutes ces évolutions ont renforcé la position du gouvernement syrien et de ses alliés face à l’opposition armée et aux organisations terroristes. Elles ont aussi reflété la réussite de la stratégie suivie par la Russie depuis son intervention militaire dans la crise syrienne en octobre 2015. La Russie avait présenté un soutien militaire à la Syrie et ses alliés à travers des frappes contre les différents rassemblements terroristes. Ceci a été considéré par le président russe comme étant une victoire contre la vague de terrorisme qui n’a pas pu faire chuter l’Etat syrien. D’où le retrait partiel russe, annoncé par le président russe, Vladimir Poutine, durant sa visite à la base aérienne de Hmeimim le 11 décembre dernier.
En contrepartie, l’opposition syrienne politique ou armée a beaucoup perdu. En effet, le président américain, Donald Trump, a mis fin à son soutien à l’opposition syrienne armée, qui avait coûté aux Etats-Unis 500 millions de dollars, après avoir échoué à réaliser son objectif de renverser le régime syrien de Bachar Al-Assad. Une décision également dictée par le fait que certaines parties au sein de l’opposition ont collaboré avec des groupes terroristes, ce qui constitue une infraction à la loi américaine. Autre changement d’envergure au niveau de la position américaine, l’augmentation du soutien que les Etats-Unis offrent aux forces syriennes démocratiques à majorité kurde, loin de toute entente avec le gouvernement syrien. Ce qui les met dans la catégorie de forces d’occupation comme les forces turques qui ont occupé une ligne frontalière avec la Syrie.
En parallèle à ces évolutions sur le terrain, politiquement, il n’y a pas eu de changement aux négociations de Genève entre les représentants du gouvernement syrien et ceux de l’opposition. Ces négociations n’ont réalisé aucun pas en avant, et le 8e round tenu entre le 28 novembre et le 6 décembre, et qui a été suspendu pendant 3 jours, est l’exemple d’un échec total. Selon Staffan de Mistura, l’émissaire onusien pour la Syrie, cet échec revient à 2 raisons : premièrement, l’opposition syrienne ne serait pas du tout réaliste, puisqu’elle insiste sur le départ d’Al-Assad, malgré sa faiblesse sur le terrain et alors que les parties qui la soutenaient se sont éloignées. Et deuxièmement, le manque de flexibilité de la part de la délégation du gouvernement qui insiste à refuser le communiqué de l’opposition connu sous le nom de Communiqué de Riyad 2 et qui refuse tout rôle du président Al-Assad dans le règlement politique. Il est prévu qu’un 9e round sera tenu en janvier, afin de discuter de la Constitution et des élections, puis de la transition. Cependant, il s’avère difficile de s’attendre à des résultats palpables si les parties concernées continuent à camper sur leur position.
En plus de l’inertie des positions des 2 parties, d’autres défis menacent les négociations de Genève. La Russie prépare actuellement une conférence de dialogue national syrien prévu fin janvier 2018 dans la ville russe de Sotchi. L’idée de la conférence est d’adresser une invitation à environ 1 000 ou 1 500 de représentants des factions syriennes pour une conférence d’un jour dont l’objectif est de mettre l’accent sur la solution pacifique, la sauvegarde de l’unité de la Syrie, le refus de toutes les organisations terroristes et l’appel de toutes les forces étrangères à quitter la Syrie. Et selon la vision syrienne, cette conférence ne constitue pas un substitut aux négociations de Genève, parrainées par l’Onu, mais les soutient.

En observant l’idée de la conférence, il semble évident que la Russie, en coordination avec la Turquie et l’Iran, tente d’investir ses relations avec de nombreuses personnalités et catégories de la société pour s’infiltrer dans l’axe politique et, en même temps, adresser un message à l’opposition syrienne à l’étranger en particulier à Ankara, pour lui dire qu’elle n’est pas la seule à représenter le peuple syrien et qu’il y a d’autres forces qui peuvent participer à la formulation de l’avenir de la Syrie, conformément au principe de l’unité des territoires syriens et de la sauvegarde de l’Etat. Partant, l’opposition syrienne peut se diriger vers plus de réalisme au lieu de tenir à des conditions irréalistes.
Si nous supposons que la Conférence de Sotchi réalisera ces objectifs symboliques et politiques, la traduction de ses résultats dans les négociations de Genève dépend de 2 conditions essentielles : une entente américano-russe autour de la nécessité d’accélérer la solution pacifique et plus de flexibilité de la part des représentants du gouvernement et de l’opposition. Or, tout changement nécessite de faire pression sur les deux parties.
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