Un règlement politique du conflitsyrien est-il possible aujourd’hui ? Lareprise des négociations de Genève,qui en sont àleur 8e round, a relancéles espoirs d’une possible solutionàla crise dans ce pays. Dans uneavancée majeure, la semaine dernière,l’opposition syrienne avait acceptéde former une délégation «unie »représentant « toutes les factions del’opposition ».
Des figures importantesconnues pour leur intransigeance àl’égard du président syrien, BacharAl-Assad, ont étéexclues de ladélégation. C’est le cas notamment deRiyad Hijab, le coordinateur du HautComitédes Négociations (HCN), quiavait menéles pourparlers avecDamas au cours des deux dernièresannées. L’opposition syrienne areconnu que le règlement du conflitdevait être avant tout «politique etnon militaire »et a acceptéque lesort du président Assad ne fassepas partie des négociations, et queson avenir politique soit décidélorsdes élections organisées au coursde la période de transition. Lesnégociations de Genève censées sepoursuivre jusqu’au 15 décembreportent donc sur la rédactiond’une Constitution et l’organisationd’élections supervisées par l’Onu.Nous sommes donc en faced’un assouplissement de la positionde l’opposition. Celui-ci est le résultatd’un compromis entre la Russie, quisoutient le régime syrien, et l’Arabiesaoudite qui soutient l’opposition. Envertu de ce compromis, les membresradicaux de l’opposition se retirentpour permettre des négociationsdirectes avec le régime de Damas.Mais ces évolutions ne signifientpas nécessairement qu’un règlementsera facile. Pourquoi ? D’abord parceque rien n’oblige le régime syrien,vainqueur sur le terrain avec l’aidede la Russie et de l’Iran, de faire desconcessions.
Celui-ci refuse toujoursd’amender la Constitution de 2012qui lui donne des pouvoirs législatifs etexécutifs absolus. Il n’est pas questionpour le régime du président BacharAl-Assad d’engager une réformepolitique radicale. Et le maximum qu’ilpuisse faire sera de nommer quelquesmembres de l’opposition au sein dugouvernement. Si Damas a acceptédes’asseoir àla table des négociationsavec l’opposition, c’est uniquementpour ménager son alliérusse.
Ensuite, parce qu’un règlementtotal de la crise syrienne passenécessairement et inévitablementpar les grandes puissances et lesacteurs régionaux impliqués dans lacrise : Russie, Etats-Unis, Iran, Turquieet Arabie saoudite. La Russie veut,tout en orchestrant une transitionpolitique, garder les acquis réalisésmilitairement sur le terrain. Moscouveut surtout maintenir son influenceau Proche-Orient àtravers la Syrie.L’Iran, qui dispose de 10 000 soldatsen Syrie, veut lui aussi garder saprésence dans ce pays qui lui sert detrait d’union avec le Hezbollah libanaiset lui permet de menacer Israël. LaTurquie, elle, veut affaiblir les Kurdesdu nord de la Syrie, et les Américains,qui semblent quelque peu distanciéssur le dossier syrien, ne seront peutêtrepas disposés àaccepter n’importequel scénario.Le règlement du conflit syrien, qui afait plus de 340 000 morts en 6 ans,s’avère toujours aussi compliqué.
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