Tandis que la colonisation à outrance se poursuit dans les Territoires palestiniens occupés, que le peuple palestinien est plongé dans le désespoir le plus total et que les chances d’une paix juste et globale au Proche-Orient sont désormais inexistantes, la première ministre britannique, Theresa May, a surpris tout le monde cette semaine en recevant son homologue israélien, Benyamin Netanyahu, pour le centenaire de la Déclaration Balfour. Déclaration qui a ouvert la voie à la création de l’Etat d’Israël. Y a-t-il un geste plus honteux et plus irrespectueux des droits de l'homme que celui de la chef du gouvernement britannique ?
Il faut revenir 100 ans en arrière pour comprendre ce qu’est la Déclaration Balfour. Nous sommes le 2 novembre 1917. La Première Guerre mondiale n’est pas encore terminée. Alors que le sionisme apparaît en Europe et cherche à créer un Etat indépendant pour les juifs, en courtisant les dirigeants européens et en jouant sur leurs rivalités, les grandes puissances coloniales s’apprêtent à découper le monde arabe. La France et la Grande-Bretagne ont signé en 1916 les accords de Sykes-Picot, qui établissent un partage des zones d’influence au Proche-Orient. En parrainant le sionisme et en promettant la création d’une patrie pour les juifs en terre de Palestine, la Grande-Bretagne veut protéger ses intérêts dans cette région située sur la route des Indes. Ainsi naît la Déclaration Balfour, dont le but aussi est de compenser les juifs pour des siècles de discrimination et d’antisémitisme en Europe. Lord Arthur Balfour, alors ministre britannique des Affaires étrangères, écrit dans une lettre : « Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif ». Et la lettre d’ajouter : « Rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine ».
La Déclaration Balfour va ainsi donner lieu à l’une des plus grandes injustices de l’Histoire moderne. Comment en effet donner à un peuple une terre où vit un autre peuple ? Jamais les Britanniques ne répondront à cette question. Et pour justifier la création d’Israël, on inventa le plus gros mensonge de l’Histoire : les droits historiques du peuple juif à la Palestine. Pourtant, jamais en Palestine, il n’y eut d’autres peuples que le peuple palestinien.
Aujourd’hui, le peuple palestinien continue à payer le prix d’erreurs qu’il n’a pas commises. Sa terre est occupée, ses biens sont usurpés sous les regards d’une communauté internationale hautement passive. Mais peut-on anéantir aussi facilement un peuple ? L’Histoire nous apprend que non, car la volonté des peuples finit toujours par gagner .
Lien court: