La confrontation continue entre le gouvernement central à Bagdad et la région autonome du Kurdistan. Tandis que Bagdad exige l’annulation des résultats du référendum d’indépendance du 25 septembre dernier, Erbil propose seulement le gel de ces résultats et se dit « prêt au dialogue ». Le face-à-face a commencé lorsque le pouvoir central a décidé de recourir à la force pour reprendre le contrôle de certaines zones disputées au Kurdistan. Bien que l’offensive des forces fédérales se soit déroulée pour la majeure partie sans violence, des combats à l’artillerie lourde ont eu lieu cette semaine dans la région de Fichkabour, particulièrement stratégique pour les Kurdes, mais aussi à Altun Kupri, à 50 kilomètres au sud d’Erbil. Sur le terrain, les Kurdes iraqiens ont quasiment perdu tous les territoires où les Peshmergas s’étaient déployés au-delà des frontières administratives de la région autonome. Ils ont notamment dû céder la riche province de Kirkouk au nord et ses immenses champs de pétrole qui auraient pu assurer la viabilité économique d’un hypothétique Etat kurde.
Avec cette offensive des forces fédérales, Bagdad « tape du poing sur la table ». En effet, il n’est pas question pour le gouvernement central de céder face aux revendications kurdes. Le premier ministre iraqien, Haider Al-Abadi, joue là son avenir politique. En effet, toute concession sur la question kurde serait pour lui synonyme de défaite aux élections législatives iraqiennes, prévues en avril prochain. Face à cette « détermination » de Bagdad, il est clair que les Kurdes ne peuvent pas s’engager dans une guerre totale avec le pouvoir central. Une telle guerre serait désastreuse et hautement coûteuse. Et Erbil ne bénéficie pas de l’appui des grandes puissances, réticentes à l’idée d’une indépendance du Kurdistan. Il est probable que les Kurdes tentent de convaincre les Américains de faire pression sur Bagdad afin qu’il arrête son offensive, en mettant en avant le risque de voir l’Iran étendre son influence dans la région. En effet, des éléments des Gardiens de la révolution iraniens participeraient, selon Erbil, à l’offensive du pouvoir central. Les médias kurdes parlent en permanence de violation des droits de l’homme par les forces du pouvoir central en évoquant notamment des « pillages de maisons kurdes » et en appelant les Kurdes de la diaspora à « aider leurs frères du Kurdistan ». Une manière sans doute de mobiliser l’opinion publique internationale et d’inciter les Occidentaux à intervenir.
Le conflit entre le pouvoir central iraqien et les Kurdes est hautement délicat, mais une chose est sûre, une nouvelle guerre dans cette région ne serait dans l’intérêt de personne.
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