Alors que le combat contre Daech en Syrie est sur le point de s’achever, la scène politique devient de plus en plus compliquée, surtout que les parties qui luttent aujourd’hui contre Daech en Syrie sont nombreuses et sont en désaccord. Effectivement, les forces kurdes encerclent actuellement la ville de Deir Ez-Zor, la principale capitale de Daech en Syrie, aidées par une couverture aérienne totale de la part des forces américaines. Tandis que les forces du régime syrien avec une couverture aérienne russe encerclent Daech à Raqqa. De plus, les forces syriennes ont enfin réussi à traverser le fleuve de l'Euphrate pour ainsi compléter l’encerclement de Daech à Deir Ez-Zor, que l’organisation surnomme la ville du bien, puisqu’elle constituait une source de beaucoup de ressources agricoles et pétrolières pour l’organisation alors qu’elle dominait la ville.
En marge des réunions de l’Assemblée générale de l’Onu qui se sont achevées à New York, le ministre britannique des Affaires étrangères a fait une déclaration surprenante en annonçant que la Grande-Bretagne et les pays occidentaux n’allaient pas collaborer à la reconstruction de la Syrie tant qu’Assad reste au pouvoir, et qu’ils tenteront de réaliser une transition sans lui.
Il semble que la position britannique et occidentale insiste à refuser Assad, mais en même temps, cette position insiste aussi à ne pas obliger le président syrien à quitter le pouvoir. C’est ainsi que la position « des amis de la Syrie » se répète tout au long des sept années passées, sans avoir une influence sur le terrain ou sur l’autre axe politique dirigé par la Russie. Cet axe tente essentiellement de soutenir et de renforcer Assad au niveau politique et militaire par la domination petit à petit des régions qui ne l’étaient pas auparavant. Et ce, grâce à une force militaire sophistiquée et au niveau politique par le biais des zones de désescalade, pour ensuite ouvrir la porte à des réconciliations locales. Ceci signifie que le régime syrien va dominer en octroyant à ces régions des services que l’opposition ne peut leur assurer comme l’eau et l’électricité.
Cet état de fait coïncide avec la volonté russe de minimiser l’importance des négociations de Genève sous les auspices de l’Onu, et de renforcer l’axe d’Astana qui vise à appliquer le principe des zones de désescalade en Syrie. La réalité est que les sept réunions de Genève n’ont abouti à aucune évolution au niveau politique ou même au niveau humain. Au contraire, ces réunions ne promettent qu’un échec total, car le régime syrien refuse de négocier les quatre paniers de solutions auxquels l’envoyé onusien en Syrie a fait allusion à plusieurs reprises. Ces quatre paniers sont : le gouvernement, la Constitution, les élections et la lutte contre le terrorisme.
Cependant, aucune évolution n’a eu lieu au niveau des quatre paniers et les réunions de Genève se sont achevées sur des différends au lieu d’aboutir à des compromis. En contrepartie, la Russie fait pression sur le régime pour faire réussir l’axe d’Astana, dont les rencontres sont tenues régulièrement. Avant la dernière session de négociations, le président turc a annoncé que « la crise syrienne est sur le point de s’achever », ce qui prouve que la Turquie aussi, et non seulement la Russie, met tout son poids sur l’axe d’Astana et ne voit dans l’axe de Genève aucun espoir qui pourrait mener à une solution politique prochaine.
Reste que le plus remarquable sur la scène syrienne est l’évolution de la guerre contre Daech : les forces du régime syrien ont avancé jusqu’à pouvoir traverser le fleuve de l'Euphrate, pour compléter l’encerclement de la ville de Deir Ez-Zor et chasser Daech. Ce qui est remarquable, c’est la destination elle-même. Pendant les sept dernières années, la priorité de l’armée syrienne était de lutter à tout prix contre l’opposition syrienne armée représentée par l’armée syrienne libre, quel que soit le prix payé par les civils. C’est ainsi que les forces du régime syrien ont commis des atrocités et des massacres innombrables dans toutes les villes syriennes sur lesquelles le régime n’avait plus d’emprise. Ces villes ont été soumises à un blocus étranglant en coupant l’eau et en interdisant l’accès des aides humanitaires, comme il a été le cas à Madaya, Darayya et d'autres. Par conséquent, des milliers de civils ont été tués en plus du bombardement par barils explosifs qui ont également tué des milliers de civils syriens, selon les chiffres annoncés par l’Onu. Et le régime syrien n’accordait aucune importance à l’expansion de la présence de Daech sur les territoires syriens ; au contraire, l’organisation était la principale source de financement du régime. Par exemple, toutes les ressources des champs pétroliers dominés par Daech étaient vendues dans les régions du régime syrien. Il semble que le combat de Tadmor est l’unique exception dans toute l’histoire du combat militaire entre le régime syrien et Daech pendant les cinq dernières années. Sinon la mission de la lutte contre Daech était laissée aux forces russes pour justifier l’ingérence russe en Syrie depuis septembre 2015.
Et c’est enfin que les forces syriennes, qui semblaient être épuisées, ont réussi à traverser Al-Forat pour libérer les forces du régime qui étaient sous l’emprise de Daech dans l’aéroport militaire de Deir Ez-Zor. Cependant, le régime syrien sait bien que la Syrie unie n’existe plus et que la Russie et les Etats-Unis ne permettront jamais le retour de l’ancienne Syrie qui existait avant 2011 .
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