Avec le geste d’ouverture du Hamas envers son rival le Fatah, la semaine dernière, et son acceptation des conditions de l’Autorité palestinienne en vue de former un gouvernement commun et d’organiser des élections, c’est une nouvelle dynamique régionale qui s’installe. Depuis de longues années, le Fatah et le Hamas entretenaient des relations en dents de scie. Les deux mouvements sont séparés par un fossé idéologique. Le Hamas a vu le jour en 1987 dans le sillage de la première Intifada palestinienne. Dès ses premiers jours, il s’est posé en rival du Fatah de Yasser Arafat, en s’opposant notamment aux accords d’Oslo de 1993 et à la reconnaissance par l’OLP de l’Etat d’Israël, et en prônant la poursuite de la lutte armée contre « l’ennemi israélien ». Le Hamas a toujours tenu le Fatah pour responsable de la « destruction » de la Palestine et des divisions interpalestiniennes. La rivalité entre les deux mouvements a atteint son apogée en 2007 lorsque le Hamas a expulsé le Fatah de la bande de Gaza à l’issue d’une confrontation sanglante.
Au cours des années précédentes, plusieurs facteurs ont incité le mouvement palestinien à modérer ses positions. L’enclave palestinienne de Gaza est confrontée à une grave crise en raison du blocus israélien, mais aussi en raison des sanctions imposées par l’Autorité palestinienne. Le Hamas était également sous une énorme pression après la fermeture, par l’Egypte, des tunnels souterrains et l’arrêt de la contrebande d’armes et de marchandises qui passaient par ces tunnels. Sur le plan politique, le mouvement palestinien a perdu tour à tour l’appui de la Syrie, empêtrée dans une terrible guerre civile depuis 2011, mais aussi celui du régime des Frères musulmans en Egypte après la chute de ce dernier. Mais, facteur déterminant, il a surtout perdu l’appui financier du Qatar, soumis à un embargo par l’Egypte et par ses voisins du Golfe, en raison de son soutien au terrorisme.
La décision du Hamas de se soumettre aux efforts de réconciliation est une victoire pour l’Egypte, qui a exercé d’inlassables pressions sur le mouvement palestinien. Elle montre que les efforts régionaux visant à juguler l’influence du Qatar ont commencé à payer. La soumission du Hamas aux efforts de réconciliation permet aussi de contrer l’influence de l’Iran, avec qui le mouvement palestinien a toujours entretenu des liens privilégiés. Le « domptage » du Hamas donnera sans doute lieu à une amélioration de la sécurité dans la péninsule du Sinaï. L’Egypte avait à plusieurs reprises affirmé que des combattants de Daech se réfugiaient dans la bande de Gaza et bénéficiaient de l’appui des extrémistes dans l’enclave palestinienne. La dynamique régionale est en train de changer, privilégiant le rôle de l’Egypte au détriment de celui du Qatar et de l’Iran .
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