Puisque le mouvement Hamas est la branche palestinienne de la confrérie des Frères musulmans, il est donc tout à fait normal que son idéologie mélange la religion et la politique. A ses yeux, les nations ne sont qu’une poignée de sale poussière conformément aux éthiques du fondateur de la confrérie et de son leadership. La confrérie est une entité qui adopte des positions très coloriées et brandit comme principe inaliénable « La fin justifie les moyens ». Le facteur religieux ethnique prend le dessus sur l’aspect nationaliste. Pour toutes ces raisons, il est difficile d’avoir confiance en ce mouvement quels que soient les engagements, les garanties ou les parties qui le soutiennent.
Dans le monde de la politique, c’est le fait accompli qui s’impose et les réalités sur le terrain. Durant les 4 dernières années, des coups durs ont été infligés au mouvement des Frères, à commencer par la chute le 30 juin 2013 du régime du guide spirituel et de la confrérie. A ce moment-là, l’Egypte a réclamé que le mouvement des Frères soit interdit juridiquement. Certains pays du Golfe nous ont suivis et, en fin de compte, on a vu la crise entre le Qatar et les 4 pays qui l’ont boycotté, ce qui a porté un grand préjudice au mouvement. Des sanctions ont été imposées au Qatar en raison de son parrainage du terrorisme et son soutien aux Frères. Ainsi, le financement qatari à l’adresse du mouvement s’est arrêté. L’Egypte a, par contre, renforcé le contrôle des frontières et a empêché le trafic d’armes et de marchandises dont dépendait le mouvement pour obtenir des ressources et contrôler Gaza. En fin de compte, l’Autorité palestinienne a pris un certain nombre de mesures qui ont contribué à resserrer l’étau sur le mouvement dans le secteur de Gaza. Suite à ces complications, le mouvement, craignant une intifada populaire à cause des conditions de vie difficiles, a alors opéré des changements radicaux en éloignant l’aile rigoriste qui était auparavant prééminente. D’autres modifications ont été faites au niveau de la hiérarchie au sein de l’office politique et la présidence est allée à Ismaïl Haniyeh, qui réside à Gaza, après Khaled Mechaal, qui était proche du Qatar.
Dans un second temps, Le Caire a parrainé des rencontres entre les représentants du Hamas et le courant de Mohamad Dahlan. Une rencontre qui a ouvert la voie à un dialogue entre le Fatah et le Hamas et à l’approbation par le Hamas des propositions qu’il refusait auparavant.
La question qui s’impose actuellement est : qu’est-ce qui garantit que le Hamas ne reviendra pas sur ses positions si les composantes de la scène politique locale ou régionale viennent de changer ? Il est bien évident que dans de tels cas, il n’existe aucune garantie. D’autant que dans le monde de la politique, la force est l’unique garant. Dans de telles situations, pour garantir que le Hamas ne déraille pas et ne revient pas sur ses engagements, il faut construire vite sur l’assise actuelle. Ceci signifie la dissolution immédiate du comité administratif formé par le Hamas à Gaza, le transfert du pouvoir au nouveau gouvernement national et la tenue d’élections présidentielles et législatives dans un délai de 6 mois au plus. L’Egypte a également un rôle primordial à jouer pour mener à bien la réconciliation entre les éléments du mouvement Fatah, et précisément avec le courant de Mohamad Dahlan, pour régler plus tard le dossier palestinien, paralysé avec le Hamas, opposé aux accords d’Oslo. Mais voilà qu’un quart de siècle après, le mouvement se trouve obligé d’accepter les principes d’Oslo.
C’est dans ce contexte historique spécifique que le président Abdel-Fattah Al-Sissi est apparu à la tribune de l’Assemblée générale des Nations-Unies, appelant les deux peuples palestinien et israélien à s’accepter et à opter pour la coexistence pacifique dans le cadre d’une paix durable. En réalité, les propos présidentiels à New York représentent l’essence même du règlement de ce genre de conflits compliqués. Dans ce genre de conflits, chaque partie trouve que sa position est juste et qu’elle doit obtenir certains droits. C’est dans ce contexte qu’on peut situer le conflit du siècle, connu pour être un conflit d’existence et non pas un conflit sur la démarcation des frontières. Les parties en conflit doivent accepter le fait qu’il n’y a pas de solutions militaires à ce genre de confrontations, qu’aucune des parties n’est en mesure d’anéantir l’autre et que l’issue se trouve à mi-chemin entre la position des deux parties.
A mon sens, les circonstances sont propices pour mettre sur les rails un règlement véritable de la cause palestinienne, surtout après que l’Egypte eut réussi à relancer le dialogue entre le Hamas et le Fatah, et après les rencontres du président Al-Sissi à New York avec le président Américain, Donald Trump, et le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu. Il est possible que ce soit la dernière chance pour un règlement politique acceptable du conflit du siècle, compte tenu de la nature des conjonctures régionales actuelles.
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