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Le procès de Séragueddine

Dimanche, 13 août 2017

Le Washington Post a été le premier à publier le communiqué des personnalités publiques égyptiennes en faveur du Dr Ismaïl Séragueddine, ancien directeur de la Bibliotheca Alexandrina, condamné par un tri­bunal d’Alexandrie à 3 ans et demi de prison. Le procès de Séragueddine a donc atteint une dimen­sion internationale, comme on s’y attendait, por­tant ainsi atteinte à l’image et à la réputation de l’Egypte devant le monde entier. Comme s’il ne suffisait pas les attaques lancées à l’Egypte à cause de tous ses défauts — attaques, du reste, excessive­ment exagérées — ! Voilà que nous nous attaquons aussi à ses points forts qui font l’unanimité du monde entier, avec en tête la Bibliotheca Alexandrina. Cette prestigieuse institution interna­tionale à laquelle le monde entier a voué son admi­ration pendant les 15 dernières années.

Il était impossible que ce procès contre lequel la société égyptienne s’est révoltée reste cloîtré dans les frontières politiques de l’Egypte. En effet, les limites de l’image de l’Egypte s’étendent au monde entier. Il était tout à fait naturel que ce pro­cès choquant et inattendu acquière un intérêt inter­national. Des centaines de personnalités publiques égyptiennes se sont empressées d’émettre un com­muniqué que la presse et les médias égyptiens et internationaux ont diffusé ces derniers jours. Des personnalités publiques mondiales de renom ont elles aussi rédigé un communiqué à cet effet. Lorsqu’il sera rendu public dans les quelques jours, ce communiqué aura un fort impact. En effet, plus de 100 personnalités éminentes du monde entier l’ont déjà signé, dont 20 Nobel dans les différents domaines.

Un autre communiqué a été adressé par le Conseil des curateurs de la Bibliotheca Alexandrina au président de la République en sa qualité de président du conseil. Ce conseil, qui regroupe d’anciens présidents de République, des premiers ministres, des ministres ainsi que de grands noms de la culture, des sciences et de la pensée dans le monde, a présenté son témoignage en faveur de Séragueddine, fondateur et directeur de la Bibliotheca pendant 15 ans. L’une de ces person­nalités, un ex-président de République, a exprimé ses réserves envers ce verdict injuste. Car ce ver­dict nuit également aux membres du Conseil des curateurs auxquels incombe la responsabilité d’ac­créditer les décisions du directeur de la Bibliotheca, qu’il s’agisse de la location de la cafétéria, de l’as­surance des employés, de la nomination des conseillers ou autre.

J’avais parlé dans l’article de la semaine dernière du coup de téléphone que j’avais reçu de la part d’un écrivain français spécialisé dans l’histoire de l’Egypte Ancienne. Celui-ci s’était dit prêt, ainsi qu’un groupe de personnalités françaises connais­sant Séragueddine, à venir en Egypte pour présen­ter leur témoignage en sa faveur devant le tribunal. J’ai également reçu des appels de hautes personna­lités arabes qui voulaient que le communiqué émis par les personnalités égyptiennes soit également signé par les personnalités arabes. De plus, des personnalités égyptiennes ont protesté contre le fait qu’on ne leur a pas proposé de signer le com­muniqué comme l’ex-ministre de la culture, Dr Gaber Asfour, le politologue Dr Ossama Ghazali Harb, la poètesse Fatma Naout et le leader isla­mique, Dr Abdel-Moneim Aboul-Fotouh. De même, des experts juridiques, comme l’ex-conseiller juridique de la Fondation Al-Ahram, Dr Ahmad Al-Sayed Awadein, ainsi que le conseiller Essam Al-Islambouli ont eu l’obligeance de m’af­firmer que la supposition avancée dans l’article de la semaine dernière était exacte, que les verdicts de la justice n’étaient pas sacrés et que la justice chez nous et ailleurs confirme le droit du citoyen de faire appel contre les verdicts de la justice.

J’ai également reçu un appel de la part d’un dirigeant du parti Al-Wafd qui a exprimé la volon­té de son parti de soutenir Dr Ismaïl Séragueddine, partant de la promulgation d’un communiqué de soutien jusqu’à la solidarité juridique. J’ai répondu que seul Séragueddine pouvait accepter ou refuser cette louable proposition. Bien que Séragueddine se soit montré reconnaissant pour la position du parti Al-Wafd, il a déclaré préférer mener seul sa bataille sans qu’elle soit politisée.

Il est difficile de contrôler un tel procès car il s’est rapidement transformé en une question d’opinion publique. Ce procès a acquis des dimensions internationales, car l’affaire est mon­diale depuis le début. La Bibliotheca Alexandrina diffère complètement du palais de la culture d’Al-Anfouchi situé à quelques pas. La Bibliotheca Alexandrina est une institution inter­nationale. L’élite de la communauté internatio­nale a contribué à sa fondation. Les rois et les présidents ont assisté aux cérémonies de son inauguration. Son Conseil des curateurs a regrou­pé les plus hautes personnalités internationales. Par conséquent, tout ce qui concerne la Bibliotheca Alexandrina est une affaire interna­tionale qu’on ne peut pas cacher au monde entier, que ce soit au niveau politique, culturel ou médiatique. Cette dimension internationale nous a beaucoup profité dans notre bataille pour lever haut le nom de l’Egypte et effacer l’image néga­tive que certains veulent lui coller. La Bibliotheca Alexandrina a réussi à prouver que l’Egypte est le pays de la culture, de la pensée et de la civili­sation humaine contrairement à l’idée que cer­tains cherchent à diffuser. Idée selon laquelle l’Egypte est le pays de l’ignorance, du terrorisme et de la violation des droits de l’homme. Elle a réussi pendant ces 15 dernières années à attirer les plus grands cerveaux du monde. Comment avons-nous pu croire que le monde allait tourner le dos à ces tentatives de souiller le nom du fon­dateur de la Bibliotheca Alexandrina croyant qu’il s’agit d’une affaire interne ? .

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