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Les Palestiniens gagnent un pari

Sunday 6 août 2017

Le pari est gagné. Ce sont les Palestiniens seuls qui l’ont gagné et plus précisément les habitants de Jérusalem. Le peuple d’Al-Aqsa a triomphé, selon le témoignage des sages de l’entité sioniste eux-mêmes. Ces témoignages sont d’une grande importance car ils révèlent les véritables intentions israéliennes envers Jérusalem, la mos­quée d’Al-Aqsa ainsi que toute la Palestine. L’objectif étant de transformer Israël en « un Etat hébreu s’étendant du Jourdain à la Méditerranée regroupant toutes les terres historiques de la Palestine » à condition que Jérusalem devienne la capitale éternelle de cette entité. Ces témoignages révèlent également des réalités sur les plans basés sur deux principales règles. La première est que les Arabes n’ont plus la capacité d’affronter Israël, notamment après l’effondrement de l’Iraq et de la Syrie et bientôt de la Libye et du Yémen. La seconde est que les autres pays arabes n’ont plus ni l’intention ni l’intérêt d’afficher leur hostilité à Israël. Certains ont été envoûtés par les projets de paix. D’autres aspirent à des coalitions avec Israël afin de faire face au danger iranien. La consé­quence est qu’il n’est plus dans l’intérêt de la majorité des pays arabes d’entrer dans des animo­sités avec Israël pour l’intérêt de la Palestine ou du peuple palestinien. De là, émane la fausse convic­tion que le moment propice est arrivé pour imposer la domination d’Israël sur la mosquée d’Al-Aqsa la considérant comme une propriété israélienne. Les Israéliens n’auraient jamais cru qu’il reste encore un peu de « résistance » chez les peuples, qu’il s’agisse du peuple palestinien, ou des peuples arabes et musulmans. Ils ont cru que les plans sui­vis par les régimes arabes pour ignorantifier leur peuple et déformer les réalités ont porté leurs fruits. Ils ont cru avoir réussi à rompre l’attachement des Arabes à la Palestine et à Jérusalem et avoir fait oublier les droits palestiniens universellement reconnus comme le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à la résistance pour détermi­ner son destin, instaurer un Etat indépendant avec Jérusalem pour capitale et imposer le droit des réfugiés au retour à leur patrie, la Palestine.

Le dilemme de nombreux régimes arabes, notamment après la seconde guerre du Golfe menée par les Etats-Unis pour libérer le Koweït, était fort compliqué. Ces régimes ont commencé à réaliser que les Etats-Unis sont devenus le protec­teur de la sécurité, de la stabilité et de la légitimité. Le fait qui implique la nécessité de se plier aux demandes de « l’allié américain ». Cependant, ils ont découvert que leurs peuples étaient hostiles aux Etats-Unis à cause de leur parti pris inconditionné pour l’entité sioniste qui opprime le peuple palesti­nien et nie tous ses droits légitimes.

La volonté des peuples a réussi à renverser tous les paris autour des illusions de la force et de la suprématie ou autour des fausses convictions que les peuples ont perdu leur force. Le choc était una­nime que ce soit pour les dirigeants de l’entité sioniste ou pour les régimes arabes, y compris l’Autorité palestinienne elle-même.

Les témoignages des sages au sein de l’entité sioniste dévoilent la chute de tous les paris. En effet, les événements des derniers jours de la crise d’Al-Aqsa révèlent que « ceux qui possèdent la véritable emprise sur la mosquée ne sont ni Israël, ni la Jordanie, ni l’Autorité palestinienne. Ce sont les Palestiniens de Jérusalem ». C’est d’ailleurs ce qu’a écrit Nir Hasson dans le quoti­dien Haaretz : « Il s’agissait de mettre la société palestinienne à Jérusalem à l’épreuve à travers ses points faibles, la pauvreté, l’absence de direc­tion, l’occupation, la destruction des maisons et la confiscation des terres. Mais durant les der­niers jours, les Palestiniens à Jérusalem ont réa­lisé un exploit sans précédent. Grâce à des protes­tations pacifiques (...), ils ont réussi à obliger Israël à revenir sur ses décisions et à démanteler les portes électroniques ». Quand le gouverne­ment israélien s’est trouvé obligé de renoncer à ses mesures oppressives à Jérusalem, nombreux en Israël ont commencé à parler de « la soumis­sion face aux pressions palestiniennes, arabes et internationales ». C’est ainsi que Nahoum Bernieri a écrit : « On s’attendait à la soumission depuis le premier jour ». Et d’ajouter : « Netanyahu et ses ministres ont voulu montrer au monde qu’ils possédaient leur emprise sur le mont du Temple. Mais le résultat fut tout autre. Le démantèlement des portes électroniques a prouvé au monde entier qu’Israël n’était pas le maître des lieux ».

La résultante de cette victoire a été révélée par l’ex-président du service de sécurité intérieure israélien (Shabak), Ami Ayalon, en disant : « Notre force a des limites. Le gouvernement israélien essaye d’agir dans le mont du Temple en tant que maître des lieux. Mais il en paye un prix sanglant ». En effet, le gouvernement israélien s’est trouvé obligé de trouver une solution qui ne lui sauve pas seulement la face mais qui empêche surtout que le pire ne survienne. Le pire est que la victoire d’Al-Aqsa se transforme en une large Intifada qui renverse tous les paris. Les paris de la judaïsation de Jérusalem et d’Al-Aqsa, les paris de faire passer les coalitions régionales et les solutions de l’abolition de tous les droits du peuple palestinien. Israël craint en effet que cette Intifada n'explose et ne renverse tous les rapports de force. La raison pour laquelle Israël s’est trouvé obligé de revenir sur ses décisions et tous les paris sont tombés .

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