Je suis fort étonné par le silence des organismes responsables des destructions des constructions illégales. En effet, ces organismes ne se sont pas donné la peine de répondre aux accusations qui leur ont été adressées. Pourtant, ils ont été accusés d’outrepasser leurs prérogatives mais aussi de détruire des constructions tout à fait légales. En outre, ces organismes n’ont pas reconnu le droit de l’opinion publique de savoir ce qui se passe. Ils n’ont pas réalisé non plus les évolutions politiques qu’a connues le pays depuis la révolution du 25 janvier et qui impliquent une certaine transparence dans le comportement du gouvernement. Une transparence qui n’existait pas pendant des décennies et dont l’absence a mené à cette explosion populaire qui a renversé le régime au pouvoir.
A mon avis, ceci est beaucoup plus dangereux que la destruction injuste de bâtiments ou que la diffamation dont sont victimes d’anciens responsables, d’autant plus que certains d’entre eux ne sont plus les propriétaires de ces bâtiments depuis des années et d’autres en ont hérité. Une réalité que la presse a expliquée à l’opinion publique alors que l’Etat ne s’est nullement donné la peine d’apporter une quelconque interprétation. Il est fort étrange que la campagne de destruction des domiciles et de diffamation contre leurs propriétaires ait été menée contre les personnalités les plus honnêtes d’un régime connu pour être majoritairement corrompu.
La première campagne a été menée contre le peintre Farouk Hosni. Et ce n’est pas la première fois. Hosni a été la cible de nombreuses tentatives, menées au cours de la période de chaos qui a suivi la révolution, visant à le traîner en justice et à nuire à sa réputation via des accusations dénuées de fondement.
Durant cette période, Farouk Hosni avait vendu la villa qu’il avait construite sur un terrain qu’il avait acheté à des individus et non pas à l’Etat dans le quartier de Manial Chiha à Guiza, à un investisseur yéménite dont les investissements en Egypte dépassent les 10 millions de livres. C’était là la première erreur commise par le comité qui a prévenu la presse qu’il avait détruit la maison d’un ancien ministre pour prouver qu’il applique la loi à tous.
Mais en fait, c’est l’investisseur yéménite qui a été puni. Lui qui, au lieu d’acheter un palais en Suisse dans les Alpes ou sur le lac Léman, a choisi la maison du peintre égyptien qui donne sur le Nil.
La deuxième maison, qui a été détruite est celle de l’ancien premier ministre égyptien innocenté dans tous les procès intentés contre lui. Les journaux ont publié sur leur une que les bulldozers avaient détruit la maison d’Ahmad Nazif ainsi que la maison avoisinante qui appartient aux héritiers de Ali Nazif. En fait, Ahmad Nazif n’a jamais acheté cette maison de l’Etat. Son père, le capitaine Mahmoud Nazif, ainsi que son oncle Ali Nazif avaient acheté le terrain des paysans qui en étaient les propriétaires et avaient construit chacun une maison de campagne. Après la mort de Ali Nazif, la propriété de la maison était passée à tous ses fils et non pas à Ahmad Nazif seulement qui ne lui a ajouté aucune pierre. Quant à Ali Nazif, il est toujours en vie.
Se peut-il que le comité chargé de la restitution des terres de l’Etat ait agi selon des informations erronées à ce point ? Se peut-il qu’il ait annoncé la destruction de la maison de Farouk Hosni alors qu’elle est devenue la propriété d’autrui selon des contrats officiels ? Se peut-il que le comité ait annoncé à la presse qu’il avait détruit les maisons d’Ahmad Nazif et des héritiers de Ali Nazif insinuant qu’il avait exploité son poste de premier ministre pour s’emparer des terres de l’Etat alors qu’il avait hérité de cette maison ? Si ces erreurs flagrantes se sont révélées parce que les propriétaires de ces terres sont des personnalités connues, quel est le volume des erreurs commises envers les simples citoyens ?
Le comité a commis une grosse erreur que commettent d’ailleurs tous les appareils de l’Etat. Il a complètement ignoré l’opinion publique. Il ne s’est pas donné la peine de lui expliquer la réalité, la laissant aux interprétations journalistiques et aux rumeurs, mais aussi à ceux qui exploitent le silence de l’Etat pour remplir la scène avec des avis fabriqués de toutes pièces par les organismes hostiles au régime que le peuple a choisi de plein gré après avoir renversé le régime des Frères musulmans le 30 juin.
Les messages provocateurs, qui se répandent maintenant de manière cancéreuse sur les réseaux, ne sont en fait que la conséquence du silence du gouvernement.
Le gouvernement qui n’a pas encore appris comment communiquer avec l’opinion publique et qui ne tient pas à lui expliquer ses politiques pour pouvoir la gagner dans son clan. Et voilà qu’un comité officiel affilié à l’Etat est accusé d’avoir commis le même crime qu’il se devait de combattre.
Personne ne dit rien. Personne n’explique rien. Ces destructions ne sont que l’exemple concret d’une politique bien ancrée selon laquelle l’Etat fait peu de cas de l’opinion publique, ne lui accorde aucun intérêt et ne respecte pas son droit à connaître la réalité.
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