Pour son premier voyage à l’étranger, le président américain, Donald Trump, a choisi de se rendre en Arabie saoudite, berceau de l’islam et l’une des principales puissances du monde arabe. Un choix hautement symbolique. D’abord, parce que le président américain était célèbre pour ses nombreuses déclarations anti-islam. Durant sa campagne électorale, il avait notamment assimilé les musulmans à «
des terroristes » et avait préconisé la fermeture totale des Etats-Unis aux musulmans. Quelques jours après son investiture, il avait soulevé une vague de critiques internationales avec son fameux
Muslim Ban, interdisant l’entrée aux Etats-Unis des ressortissants de sept pays musulmans (Iran, Iraq, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen). Le choix du monde arabo-musulman comme première destination montre donc la volonté du président américain de «
redresser » ses relations avec le monde musulman.
Trump a été accueilli en grande pompe, samedi 20 avril à Riyad, par le roi Salman d’Arabie saoudite. Il a notamment pris part à un sommet arabo-islamo-américain auquel ont assisté une vingtaine de dirigeants de pays musulmans. Objectif : expliquer sa politique à l’égard de l’islam, et nouer de nouvelles alliances contre le terrorisme. Mais qui dit islam dit aussi monde arabe et surtout Arabie saoudite. A cet égard, la visite de Trump reflète de même la volonté de rétablir les relations avec le Royaume wahhabite, des relations qui s’étaient nettement détériorées sous l’ancienne Administration Obama, en raison, notamment, de l’accord nucléaire conclu par les Américains avec Téhéran. La nouvelle administration adopte des positions plus fermes à l’égard de l’Iran, ce qui a permis un réchauffement des relations avec Riyad, mais aussi avec les autres pays sunnites de la région, qui considèrent Téhéran comme une menace. La visite de Trump à Riyad est un message fort adressé à l’Arabie saoudite et au monde arabe que la nouvelle Administration américaine les considère comme « un partenaire économique et un allié stratégique ». Preuve de cette volonté américaine, en mars dernier, le chef de la Maison Blanche recevait, Mohamad Bin Salman, ministre de la Défense et vice-prince héritier saoudien. Cette rencontre a abouti à « un partenariat stratégique solide, large et durable basé sur un engagement commun pour la stabilité et la prospérité de la région du Moyen-Orient ». Le mois dernier, le secrétaire à la Défense, Jim Mattis, rencontrait à Riyad des responsables saoudiens avec l’objectif de « revigorer l’alliance américano-saoudienne ». Mattis avait alors souligné le rôle « crucial » de l’Arabie saoudite pour restaurer la stabilité au Moyen-Orient.
Trump se rapproche donc du monde arabe même si les contours de ce rapprochement sont encore flous. Car si la politique de Washington à l’égard de Téhéran est claire, des questions subsistent encore sur l’attitude de l’Administration Trump à l’égard des autres dossiers régionaux comme la Syrie et le processus de paix.
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