En tout premier lieu, il faut préciser que les soukouk portaient le qualificatif d’islamiques. Lorsqu’Al-Azhar a refusé l’idée, on a supprimé ce qualificatif, puis on a soumis le projet de loi au Conseil des ministres, au Conseil consultatif et enfin à la présidence de la République pour l’entériner.
Il n’en demeure pas moins que la présidence a une deuxième fois soumis le projet de loi à l’organisme des grands oulémas d’Al-Azhar. Après une longue discussion de trois heures, Al-Azhar l’a refusé. C’est à ce moment-là que des déclarations suspectes ont été lancées de toutes parts, selon lesquelles l’approbation d’Al-Azhar n’était pas une nécessité. Ce qui veut dire que la loi était valable. Le même procédé a été emprunté avec la loi sur les élections, et les remarques formulées par la Haute Cour constitutionnelle. Un traitement qui nous rappelle l’image pas très ancienne des « tailleurs » de lois sur mesure, qui faisaient passer tout ce qui leur plaisait. Nous sommes supposés être dans une nouvelle société posant de nouveaux fondements juridiques et constitutionnels, allant de pair avec l’esprit de la révolution. Pourquoi donc insister sur ces soukouk, malgré la suspicion qui les entoure ? Le projet est problématique dans sa totalité parce qu’il repose essentiellement sur la vente des actifs de l’Etat. Tel qu’affirmé par l’organisme des grands oulémas azharites, les actifs de l’Etat sont la propriété des générations futures. Et donc il n’est pas du droit de l’actuelle génération de les utiliser pour la vente, l’hypothèque ou l’émission de soukouk. L’organisme a mis en garde contre un éventuel accès des étrangers à ces actifs à travers les soukouk. De cette manière, des parties étrangères dont on ignore l’identité ou les visées peuvent s’approprier les actifs de l’Etat et ses biens. D’autant plus qu’il n’existe aucune garantie pour protéger les biens publics en cas d’émission de ces soukouk. Ce qui prête davantage à équivoque est que les soukouk portaient la qualification d’islamiques, qui a été plus tard annulée dès qu’Al-Azhar les a rejetés. Soumis pour la deuxième fois à la haute instance religieuse, ils ont de nouveau été refusés puis les refrains selon lesquels l’approbation d’Al-Azhar n’est pas une condition sine qua non ont été repris. Nous sommes face à un projet dangereux. Rien n’incite à opter pour ces tergiversations ou marchandages afin d’émettre à tout prix ces soukouk. Des suspicions entourent sans nul doute ce projet. C’est pourquoi Al-Azhar les a refusés, et nous devons faire de même. Je ne crois pas qu’Al-Azhar et son cheikh vénérable refusent un projet qui présenterait un intérêt pour l’Egypte. C’est pourquoi il faut sans aucun doute émettre des réserves sur le projet.
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