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Tourisme iranien : entre craintes et dangers

Lundi, 08 avril 2013

La fin du mois de mars dernier a vu un tournant important de la politique égyptienne envers l’Iran. L’ouverture de dossiers, restés clos pendant 34 ans depuis le déclenchement de la révolution iranienne en 1979, se reflétera certainement sur un éventuel rapprochement égypto-iranien. Quelle était donc la raison de la rupture des relations entre les deux pays, alors qu’aucune partie ne donnait de raison à cette situation. Avec le déclenchement de la révolution égyptienne, les tentatives de reprise des relations ont vite été initiées pour donner l’impression préliminaire que la raison de la rupture des relations n’est nullement l’intérêt national, mais plutôt les relations entre dirigeants qui régissaient les orientations de politique étrangère avant la révolution. Désormais, les relations entre les deux pays témoignent d’une nouvelle étape de rapprochement. Trois remarques importantes :

D’abord, l’étape actuelle que traverse l’Egypte nécessite davantage de relations internationales et régionales pour l’aider à poursuivre sa renaissance et bâtir l’Etat contemporain dont rêvent tous les citoyens. Cependant, ces relations ne doivent pas être engagées aux dépens de la sécurité nationale. Il est également indispensable de confirmer notre conviction de l’importance du tourisme dans le soutien de l’économie nationale, car il est à même d’assurer des devises étrangères ainsi que des emplois.

Ensuite, il faut être convaincu de l’importance du tourisme et de son rôle. On ne peut accepter ce que prétendent certains, à savoir que le tourisme iranien représente une source importante dans le revenu national qui compense le recul du tourisme en général. De plus, on ne peut pas considérer l’acceptation de Téhéran de transporter les touristes iraniens sur Egyptair comme un soutien à l’économie nationale. Il est vrai que cela représente un soutien pour l’aviation égyptienne, mais il est indispensable de concevoir la question dans sa globalité pour évaluer le revenu économique réel. Il est indispensable de répondre à des questions relatives aux capacités financières du touriste iranien.

Enfin, le danger du tourisme iranien réside dans ses dimensions religieuses et politiques. On ne peut pas accepter la raison que présentent certains pour attirer davantage de touristes iraniens, et selon laquelle le tourisme iranien dans les divers pays du Golfe arabe ne soulève aucun problème, car il se limite au tourisme de divertissement loin des aspects politiques et religieux. Cette raison est refusée pour deux raisons. Tout d’abord, le tourisme iranien dans les pays du Golfe ne porte aucune dimension religieuse, si ce n’est le cas du pèlerinage sur les lieux saints du Royaume saoudien. Mais même dans ce cas, le danger iranien est apparu clairement au cours des événements survenus dans les années 1980. Par ailleurs, le tourisme iranien portait une dimension politique qui est apparue durant les deux dernières années avec la crise bahreïnie par exemple ou dans les événements survenus dans la région est du Royaume saoudien. Cette dimension politique s’est confirmée dans l’emprise iranienne en Iraq, sans oublier le rôle iranien dans le soutien du Hezbollah libanais.

Dans le cas de l’Egypte, les dimensions religieuse et politique représentent un intérêt pour l’Iran. La dimension religieuse est représentée par la visite des mosquées d’Al-Hussein et d’Al-Sayeda Zeinab, considérées comme des lieux saints dans le chiisme. Il ne suffit pas de dire que les Egyptiens sont pieux et que la crainte de l’expansion du chiisme est par conséquent exagérée. En effet, l’expansion du chiisme se base sur un discours religieux fondé sur l’amour de la famille du prophète, présent chez tous les musulmans. Ce discours peut influencer les gens modestes. Quant à la dimension politique, elle s’avère claire dans la nostalgie qui apparaît de temps en temps à Téhéran pour le retour à l’Empire fatimide en Egypte. La preuve en est l’intérêt accordé par le président iranien à sa visite de la mosquée d’Al-Azhar. Cette mosquée était censée devenir le phare de la pensée chiite dans la région.

Il incombe alors au gouvernement égyptien d’assumer ses responsabilités dans l’amélioration du niveau de vie du citoyen, dans la protection de sa sécurité et de sa liberté, et d’assumer ses responsabilités dans la préservation de ses convictions religieuses.

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