Six semaines après la chute d’Alep aux mains du régime syrien le 22 décembre dernier, les protagonistes de la crise syrienne se réunissent ce mercredi dans la capitale kazakhe, Astana, sous le parrainage de la Russie, de la Turquie et de l’Iran. Objectif : examiner les moyens de faire respecter la trêve conclue fin décembre, consolider le cessez-le-feu, et préparer ainsi le terrain à un règlement politique d’un conflit qui dure depuis 6 ans et qui a fait plus de 310 000 morts. Selon un communiqué du ministère kazakhe des Affaires étrangères, une délégation jordanienne participe aux négociations, ainsi que des délégués américains, qui seront présents en tant qu’observateurs. Les négociations d’Astana doivent poser les bases d’un règlement à même d’être approfondies lors de prochaines discussions de paix sous l'égide de l’Onu à Genève.
Une première réunion, tenue le 23 janvier dernier dans la capitale kazakhe, s’était achevée sans avancées politiques majeures. Après la chute d’Alep, Moscou avait annoncé un cessez-le-feu entre le régime et les rebelles sur le territoire syrien, ainsi qu’un engagement des parties en conflit à négocier un règlement politique.
En réunissant sous le même toit le régime syrien, et pour la première fois, tous les groupes armés de l’opposition syrienne en présence de l’émissaire de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, la Russie veut à présent transformer sa victoire militaire obtenue à Alep en victoire politique. Une victoire obtenue aux dépens des Occidentaux, qui, semble-t-il, paient aujourd’hui leur manque de réalisme dans la crise syrienne. Toutes les tentatives visant à exclure Bachar Al-Assad d’un règlement politique en Syrie ont échoué. Désormais en position de force, Moscou et son allié syrien sont en mesure de dicter leurs conditions.
Les Américains, eux, sont les premiers perdants de la mêlée syrienne. Face à la politique ambiguë et incertaine de l’Administration Obama, les Russes ont réussi à orchestrer avec succès leur retour sur l’arène proche-orientale. Et pour la première fois depuis l’éclatement du conflit en Syrie en mars 2011, les Etats-Unis sont amenés à jouer les seconds rôles et doivent désormais se résoudre à accepter « la paix russe ». Une situation d’autant plus difficile pour Washington que l’un de ses principaux alliés dans la région, la Turquie, lui tourne aujourd’hui le dos. Exaspéré par le soutien opportuniste des Américains aux Kurdes, Ankara préfère se rapprocher de la Russie en qui il a trouvé un interlocuteur de poids. Quant à l’Iran, il se pose aux côtés de la Russie comme l’autre grand vainqueur de cette mêlée syrienne .
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