A peine quelques jours après l’investiture du nouveau président américain, Donald Trump, le gouvernement israélien de Benyamin Netanyahu a annoncé la construction de 2 500 logements en Cisjordanie occupée. C’est la plus importante annonce de ce genre depuis des mois. Parallèlement, la colonisation a été relancée à Jérusalem par les autorités israéliennes qui ont donné leur feu vert à la construction de 566 logements dans le secteur Est, majoritairement palestinien.
Libéré de la pression de l’Administration Obama, qui s’était à maintes reprises opposée aux projets de construction de nouvelles colonies dans les territoires palestiniens, le gouvernement israélien a voulu sans doute tester la nouvelle administration américaine, encouragé par l’attitude favorable de Donald Trump et de ses nombreuses déclarations pro-israéliennes durant la campagne électorale. Trump avait à plusieurs reprises critiqué la politique de son prédécesseur, Barack Obama, alors opposé à la colonisation dans les territoires palestiniens. Mais il a surtout nommé un certain David Friedman, connu pour ses positions tranchantes sur le conflit israélo-arabe, comme ambassadeur des Etats-unis en Israël.
Pour se maintenir au pouvoir, le premier ministre israélien cherche à ménager ses partenaires de la droite extrémiste au sein de la coalition gouvernementale. Mais sous la pression accrue des Américains, il avait dû freiner l’expansion des colonies. La tension entre Netanyahu et l’Administration Obama était telle que le 23 décembre dernier, les Etats-Unis, pour la première fois depuis 1979, n’ont pas mis leur veto à une résolution de l’Onu condamnant les colonies dans les territoires palestiniens occupés par l’Etat hébreu depuis 1967.
Avec le départ d’Obama et les nouvelles mesures de Trump, Netanyahu veut à présent relancer la colonisation. C’est dans ce contexte que deux députés de la droite israélienne ont présenté au cabinet de sécurité israélien un projet de loi sur une annexion de Maalé Adoumim, une importante colonie de Cisjordanie, ainsi qu’un secteur reliant cette colonie à Jérusalem. Une telle annexion couperait en deux la Cisjordanie et rendrait pratiquement impossible la création d’un Etat palestinien viable bénéficiant d’une continuité géographique.
La question est de savoir si véritablement la nouvelle Administration Trump va donner carte blanche à Israël sur la question des colonies. Les déclarations hautement favorables à Israël de Trump, et même la nomination de Friedman ne signifient pas nécessairement que Washington va totalement laisser les mains libres à Netanyahu sur la question des colonies. Car on ne sait pas encore où est la part de rhétorique et où est la part d’action dans les discours du nouveau président américain.
Si l’Administration américaine décide de donner libre cours à Israël sur la question des colonies, ce sera un pari hautement risqué qui bouleversera la politique proche-orientale des Etats-Unis durant les 40 dernières années. Une telle décision ne serait certes ni dans l’intérêt de la région, ni d’ailleurs dans l’intérêt des Américains et des Israéliens eux-mêmes, car elle accroîtrait les tensions avec les Palestiniens et remettrait en cause tout dialogue ou toute coopération entre Tel-Aviv et les pays arabes. Le résultat serait un effondrement total des accords d’Oslo et une remise en cause du concept même de la paix. Un scénario dont la région n’a certes pas besoin.
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