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Ankara et le conflit kurde

Al-Ahram Hebdo, Lundi, 19 décembre 2016

La Turquie est à nouveau frappée de plein fouet par la violence armée. Le 17 décembre, un attentat sui­cide visait un bus transpor­tant des militaires dans la région de Kayseri au centre de la Turquie. L’attaque a fait 14 morts (des soldats turcs) et des dizaines de blessés. La semaine der­nière, un autre attentat dans la région d’Istanbul avait fait 44 morts et a été revendiqué par les faucons de la liberté du Kurdistan (TAC), un groupe radical proche du PKK. Le groupe avait déjà revendiqué plu­sieurs attentats cette année en Turquie, notam­ment à Ankara, en février et en mars derniers, et à Istanbul en janvier.

La multiplication des attentats est un signe de l’exacerbation du conflit entre le pouvoir turc et les Kurdes. Deux facteurs ont conduit à cette tension croissante. D’abord, la poli­tique interne du président turc, Recep Tayyip Erdogan. Le processus de paix enga­gé fin 2012 entre les Kurdes et l’Etat turc n’a jamais abouti. En 2015, cherchant à gagner les élections et à modifier la Constitution pour élargir ses pouvoirs, Erdogan adopte une politique « nationaliste » pour béné­ficier des voix des nationa­listes turcs, violemment anti-kurdes. Des groupes radicaux kurdes ripostent alors par des attentats.

L’autre facteur important de la tension turquo-kurde est le conflit en Syrie et en Iraq. Voyant d’un mauvais oeil le rôle grandissant des Kurdes dans les deux conflits, notamment en Iraq, Ankara est intervenu militairement à plusieurs reprises pour empêcher les Kurdes iraqiens et syriens de joindre leurs forces et de former un front uni au sud de la Turquie.

Les Kurdes, dont la popu­lation est répartie entre plusieurs pays (Turquie, Iran, Iraq et Syrie), rêvent depuis plus d’un siècle d’un Etat indépendant. Le Traité de Sèvres de 1920 prévoit la création d’un Etat kurde entre la province de Mossoul et l’Est de l’Ana­tolie. Mais le rêve kurde ne se réalisera jamais.

Les multiplications des attentats contre le pouvoir turc vont sans doute don­ner à ce dernier un pré­texte supplémentaire pour renforcer les pouvoirs d’Erdogan. Une démarche qu’il avait entamée après le coup d’Etat manqué du 16 juillet dernier .

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