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Les manoeuvres de Tel-Aviv

Lundi, 21 novembre 2016

En l’espace de deux semaines, le gouvernement israélien a lancé deux projets de loi controversés visant à légaliser les colonies et imposer des restrictions à la population arabe. Le premier donne au gouvernement israélien le droit de confisquer des terrains palestiniens privés en échange d’indemnisations, et le second interdit l’usage des haut-parleurs dans les mosquées. Le projet de loi sur les colonies a été adopté à l’unanimité par la commission ministérielle des lois au sein du gouvernement israélien. Avant son entrée en vigueur, le texte doit être voté en trois lectures par la Knesset et surtout ne pas être annulé ensuite par la Cour suprême en cas d’appels probables. A court terme, le projet vise à maintenir en place la colonie sauvage d’Amona. La Cour suprême avait en effet ordonné l’évacuation avant le 25 décembre d’une quarantaine de familles israéliennes installées dans cette colonie établie près de Ramallah avant le 25 décembre. Aux yeux de la communauté internationale, toutes les colonies, quels que soient leurs statuts juridiques du point de vue israélien, sont illégales. Il existe parmi elles une centaine de colonies « sauvages », c’est-à-dire n’ayant pas obtenu toutes les autorisations nécessaires des autorités israéliennes. Dans le passé, les dirigeants israéliens s’étaient engagés auprès des Etats-Unis à les démanteler. Mais cette promesse est restée lettre morte. Selon des ONG israéliennes, le projet de loi pourrait permettre de légaliser a posteriori quelque 2000 maisons construites sur des terres privées appartenant à des Palestiniens.

Le second projet de loi vise officiellement à « lutter contre la nuisance sonore ». Il concerne théoriquement tous les lieux de culte mais les mosquées sont visées en premier lieu. Des centaines d’Arabes israéliens et palestiniens de la bande de Gaza ont manifesté vendredi contre cette proposition de loi qualifiée de « provocation ». L’indignation est de mise même au sein de la société israélienne. L’ONG Israel Democracy Institute a accusé la droite d’exploiter la question à des fins politiques. La minorité arabe, qui représente 17,5% de la population israélienne, est de confession musulmane dans son immense majorité et s’estime déjà largement victime de discriminations. Le texte s’appliquerait également à Jérusalem-Est, partie de la ville occupée et annexée par Israël où vivent plus de 300000 Palestiniens.Une fois de plus, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a cédé aux pressions des extrémistes au sein de la coalition au pouvoir, menés par Foyer juif, un parti nationaliste religieux partisan de la colonisation qui refuse toute évacuation des colonies. Le moment choisi par les autorités israéliennes pour faire passer ces deux projets de loi n’est certes pas fortuit. Le monde, en effet, a les yeux braqués sur les élections américaines et l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, de même qu’il est occupé par la lutte contre le terrorisme et la bataille contre l’Etat islamique en Iraq et en Syrie. Israël avait profité du Printemps arabe pour faire oublier le processus de paix avec les palestiniens. Aujourd’hui encore, il cherche à profiter du contexte international pour resserrer l’étau autour des Palestiniens et légaliser les colonies.

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