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La problématique de Trump

Lundi, 21 novembre 2016

Ce n’est pas du tout vrai que Donald Trump a gagné le combat de la présidence américaine pour la simple raison qu’il ne s’y est pas encore engagé. Le combat réel commencera le jour où il se dirigera vers la Maison Blanche en janvier prochain. Là, il devra affronter une problématique qu’il a lui-même créée et qui sera difficile à régler. Cette problématique se résume dans l’impossibilité de concilier entre, d’un côté, la promesse qu’il a faite aux Américains de faire face à l’institution politique « The Political Establishment » qui domine le pouvoir, et de l’autre côté, l’annonce de son alignement complet à Israël à tel point de reconnaître que Jérusalem est la capitale éternelle de l’Etat hébreu. La difficulté de résoudre cette problématique réside dans le fait que les institutions qui dominent la vie politique aux Etats-Unis, et qui sont les appareils de l’Etat et les institutions monétaires et médiatiques qui les soutiennent, sont dominés et dirigés par le lobby juif auquel Trump est aligné. Comment va-t-il affronter ces institutions dominées par les intérêts israéliens ?

Depuis qu’il a déposé sa candidature pour les présidentielles, Trump avait assuré qu’il ne s’engageait pas dans une campagne électorale, mais qu’il dirigeait un nouveau mouvement dans la société américaine qui refuse la domination des institutions politiques officielles sur la vie des gens. Selon Trump, ce mouvement vise à rendre les citoyens normaux, auxquels personne n’accorde de l’intérêt, maîtres de la politique du pays et les libérer de l’emprise de ces institutions qui ne servent que leurs intérêts. Trump a accusé les institutions politiques, dont, selon lui, Hillary Clinton était le plus important représentant de corruption et d’incapacité de répondre aux réclamations des foules, assurant qu’il allait oeuvrer en vue de remplacer ces institutions par un nouveau gouvernement géré par le peuple américain. Selon lui, sa présidence ne sera pas uniquement un nouveau mandat, mais un tournant dans l’histoire des Etats-Unis qui déterminera si le peuple est capable de contrôler son gouvernement. Il a déclaré: « Ces élections vont déterminer si nous sommes vraiment une nation libre, ou bien la démocratie est dans notre vie un simple terme, puisque nous avons des institutions énormes qui dirigent la politique de façon à servir uniquement leurs intérêts et non pas ceux du peuple... C’est la vérité que vous connaissez, que je connais, qu’ils connaissent et que tout le monde connaît ».

Les médias américains n’ont pas été épargnés par les critiques de Trump qui sont, selon ses propres termes, le plus grand soutien de l’institution politique américaine, « les médias ne fonctionnent pas conformément aux considérations journalistiques, mais exécutent des objectifs politiques et possèdent un agenda politique clair qui ne sert pas vos intérêts, mais leurs intérêts à eux. Ils mentent et mentent toujours » a-t-il déclaré en s’adressant au peuple américain.

C’est dans le discours de Trump que réside le secret de sa popularité qui lui a permis de remporter les élections face à sa concurrente qui représente ces institutions. Or, la réalité est qu’il n’y a rien de nouveau dans tout cela puisque les Arabes et autres ont mille et une fois mis en garde contre cette question. Les Arabes étaient toujours accusés d’être prisonniers de la théorie qui interprète toutes les évolutions politiques comme étant des complots. Et voilà que Trump a bâti toute sa campagne sur le dévoilement de ce complot fomenté par les institutions américaines, et personne ne l’a accusé d’être tombé dans le piège de la théorie du complot. Au contraire, il a obtenu le soutien de la foule qui a considéré Trump comme étant son porte-parole.

Cependant, il est impossible de faire face au réseau enchevêtré des institutions de l’Etat américain sans faire face au Lobby sioniste qui les domine. Or, Trump a dépassé tous ses prédécesseurs en annonçant que Jérusalem était la capitale éternelle d’Israël, vers laquelle il a l’intention de transférer l’ambassade américaine dès son accession au pouvoir. Et tout le long de sa campagne, il n’a pas cité un seul mot sur la nécessité d’évacuer les territoires arabes occupés, dont Jérusalem, alors que la décision de partage de la Palestine souligne le caractère international de la ville et ne l’a pas accordé à Israël. Celui-ci avait occupé son secteur Ouest lors de la guerre de 1948 puis son secteur Est lors de la guerre de 1967. Trump a également promis de mettre fin à ce qu’il a appelé « la tuerie quotidienne des juifs par les Palestiniens », chose qu’il permettra plus selon ses termes. Il a critiqué le fait que des « terroristes » soient appelés des martyrs.

Donc dès l’entrée de Trump à la Maison Blanche, la foule va lui demander d’exécuter ses promesses, là il devra faire face à une problématique compliquée. S’il tient ses promesses de campagne, il se trouvera dans une logique de confrontation avec les groupes de pression juifs qui dominent les institutions de l’Etat et qui soutenaient Clinton dans sa campagne, dont les sociétés d’armement. Et s’il s’engage à soutenir le discours politique israélien, il ne pourra pas affronter les institutions qui servent les intérêts israéliens.

Or dans les deux cas, Trump sera perdant. Ou bien il va renoncer à ses promesses électorales pour devenir aux yeux de ses partisans un président comme tous ses prédécesseurs qui ont gouverné à travers ces institutions. Ou bien il va affronter l’institution politique, et par conséquent le lobby juif. Et dans ce cas, il ne passera pas un seul jour à la Maison Blanche. Il en sortira chassé à travers les voies judiciaires ou assassiné, comme cela a déjà été le destin de plusieurs ex-présidents américains qui ont défié la conjoncture existante.

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