Est-il prédestiné aux Américains de parier sur le cheval perdant ? Ils ont tenu à soutenir et à défendre Moubarak, même après la révolution. La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, avait déclaré que le régime était stable et qu’aucun danger ne le menaçait. Quelques jours plus tard, le régime Moubarak a été renversé. C’est à ce moment-là que le président Obama l’a timidement exhorté à quitter le pouvoir et à assurer une transition pacifique du pouvoir.
Et l’histoire se répète. Au moment où Port-Saïd, Ismaïliya et Mansoura, outre Le Caire et Alexandrie, se soulèvent contre le pouvoir des Frères, à cause des pratiques atroces perpétrées contre les citoyens, le secrétaire d’Etat américain, successeur de Clinton, John Kerry, est venu afficher officiellement son soutien au régime de Mohamad Morsi, dont la popularité se ronge sans cesse. Voire, Kerry est allé jusqu’à demander à l’opposition de ne pas boycotter les élections.
De quel droit les Etats-Unis interfèrent-ils dans les affaires internes égyptiennes de cette manière ? Le motif est-il leur lucidité politique qui s’est avérée défaillante ? Ou bien est-ce à cause des aides qu’ils fournissent à l’Egypte, en guise de récompense à l’accord de Camp David ? Il semble, en fait, que les Etats-Unis ne se soucient guère des forces nationales de l’opposition. Ou bien les Etats-Unis sont-ils satisfaits de la voie empruntée par le régime des Frères musulmans au pouvoir vis-à-vis d’Israël ? Ces derniers, selon toute vraisemblance, tiennent à plaire à l’Oncle Sam en appelant les juifs à s’implanter en Egypte d’une part, et à imposer la trêve que désire Israël au Hamas dans la bande de Gaza d’autre part.
Si toutes ces raisons encouragent les Américains à s’ingérer dans les affaires internes de l’Egypte, elles prouvent néanmoins que la défaillance de la politique étrangère américaine est toujours de mise, et qu’ils parient toujours sur le cheval perdant. Et ce, par le soutien des régimes répressifs qui protègent leurs intérêts.
Le fossé a commencé à s’élargir entre la position américaine vis-à-vis du régime des Frères en Egypte, et la position européenne qui s’est cristallisée dans la récente visite de Morsi en Allemagne. Surtout à un moment où l’opposition contre les Frères se fait plus entendre. Une opposition qui gagne en ampleur tous les jours à tel point que nous pourrons nous trouver, tôt ou tard, devant une impossible survie de ce régime, contre la volonté populaire. A ce moment-là, que feraient les Etats-Unis après s’être rendu compte qu’ils ont perdu le pari ? Revendiqueraient-ils une transition pacifique du pouvoir ? Même ceci peut s’avérer difficile à réaliser.
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