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5 ans d’échecs diplomatiques

Lundi, 17 octobre 2016

Tandis que la guerre se poursuit en Syrie, une réunion samedi à Lausanne, regroupant les princi­paux pays de la région impliqués dans le conflit en plus de la Russie et des Etats-Unis, s’est soldée par un échec. La réunion d’un format nouveau — les Européens n’y ont pas été conviés — avait été pré­cédée d’un tête-à-tête entre le secrétaire d’Etat, John Kerry, et son homologue russe, Sergueï Lavrov, qui n’a, non plus, rien donné de concret. Un échec de plus donc dans la longue série des initiatives diplomatiques visant à résoudre la crise syrienne. Depuis 5 ans en effet, tous les efforts diplomatiques visant à trouver une issue au conflit syrien ont échoué, qu’il s’agisse de ceux par­rainés par la Ligue arabe ou ceux mis en place sous la houlette des grandes puissances. Genève 1 et 2 sont ainsi passés, sans jamais par­venir à un règlement du conflit. Et on parle aujourd’hui de près de 400 000 morts en Syrie en 5 ans de guerre civile.

Ces échecs répétitifs sont dus naturellement à la complexité du conflit syrien mais aussi aux inté­rêts divergents des acteurs enga­gés dans ce conflit. Les Occidentaux ont adopté dès le début du conflit une attitude moralisatrice. Celle-ci consistait à refuser toute transition incluant Bachar Al-Assad, qu’ils considé­raient alors comme un dirigeant « despotique » dont les mains sont « couvertes de sang ». Mais en jouant la carte de la démocratie, les Occidentaux ont perdu toute possibilité de jouer un rôle constructif dans le conflit. Plus le temps passait, plus Assad se ren­forçait, et il était clair désormais que son départ ne donnerait lieu à aucune démocratie, mais plutôt à un Etat islamiste radical. Les Occidentaux ont commencé alors à mettre de l’eau dans leur vin en acceptant une éventuelle transition politique en Syrie sans le départ d’Assad. Mais entre-temps, le régime syrien s’est consolidé avec l’appui de son allié russe, et il semblerait que ce soit lui qui dicte aujourd’hui les règles du jeu.

L’inertie de l’Occident et son manque de pragmatisme ont encouragé les Russes à entrer de plain-pied dans le conflit. Moscou n’entend pas lâcher l’une de ses dernières zones d’influence au Proche-Orient depuis la guerre froide. Mais les intérêts russes sont diamétralement opposés à ceux des Américains et leurs alliés occidentaux. C’est sans doute l’une des raisons de l’échec de la diplomatie durant les cinq années de conflit. Moscou a ainsi bloqué au Conseil de sécurité plusieurs projets de résolution sur la Syrie, avant d’intervenir militairement dans le conflit. Avec une dizaine de pays aux intérêts divergents, voire opposés, et qui s’affrontent par alliés interposés, parvenir à un accord sur la Syrie semble aujourd’hui relever du miracle.

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