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Une loi unifiée pour les lieux de culte

Dimanche, 28 août 2016

Dans les régimes politiques modernes, la relation entre le citoyen et l’Etat est basée sur un contrat social inspiré de la Constitution qui détermine les droits et les devoirs des citoyens. Les Constitutions des pays démocratiques insistent sur l’égalité des citoyens, abstraction faite du sexe, de la religion, de la race ou de la classe sociale. La Constitution de notre pays rédigée en 2014 ne fait pas exception. En effet, l’article 1 confirme le principe de citoyenneté, l’article 9 celui de la non-discrimination et l’article 53 celui de l’égalité. Cependant, la réalité est tout autre. Les appareils et les institutions de l’Etat ont fondé leurs politiques selon une vision discriminatoire selon le sexe, la religion et la classe sociale.

En ce qui concerne la discrimination religieuse, il semble évident que les appareils et les institutions de l’Etat ont été structurés de façon discriminatoire contre les coptes. C’est ainsi qu’on ne trouve pas de coptes dans les postes dits « sensibles » des hautes sphères de l’Etat. La question ne s’arrête pas aux appareils de l’Etat, il s’agit plutôt d’une culture. Citons la formulation de l’article 235 de la Constitution sur la construction, la réparation et la restauration des églises. Le comité des 50, qui était alors chargé de la rédaction de la Constitution, a décidé l’introduction de cet article prévoyant l’adoption d’une loi propre aux églises, au lieu d’une loi pour tous les lieux de culte. C’est ainsi que nous avons une loi qui organise la construction des mosquées et une autre pour la construction des églises.

Aujourd’hui, le gouvernement poursuit le processus de l’instauration d’un Etat confessionnel. C’est ainsi qu’en élaborant cette loi sur la construction des églises, il a manipulé ses clauses de sorte à conserver les conditions draconiennes qui ont toujours miné la construction d’une nouvelle église. En vertu de ce projet de loi, les appareils de sécurité, et notamment l’appareil de la sécurité nationale, garderont le dernier mot dans le processus de décision de la construction d’une église. Le gouvernement a également tenu à utiliser le terme de « représentant de la communauté » ou « représentant juridique de la secte » faisant allusion à la partie avec laquelle les appareils de l’Etat auront affaire. Par conséquent, les coptes ne sont plus des citoyens à part entière mais membres d’une communauté qui a un représentant.

En outre, la loi octroie le droit aux gouverneurs de trancher la demande dans un délai de quatre mois. Mais elle ne précise nullement les moyens de recours en cas de refus de la demande. Aucune démarche n’est stipulée, aucune voie n’est déterminée pour se plaindre contre l’injustice ou l’intransigeance d’un gouverneur. La loi s’est tue. Elle n’a rien à dire sur ce qui devrait être fait. A qui devra s’adresser l’Eglise ? Auprès de qui devra-t-elle se plaindre ? De plus, il n’existe aucun délai précis pour trancher les recours en justice suite à un refus. C’est ainsi que les procès pourront traîner pendant des années.

Nous ne nous attarderons pas longuement sur les détails de la construction minutieusement précisés dans le projet de loi. Mais nous devons nous attarder sur les questions importantes. Il s’agit premièrement du message que transmet la loi. La promulgation d’une loi pour la construction et la restauration des églises séparément des mosquées entérine la notion de la discrimination religieuse entre les Egyptiens. Raison suffisante pour que tous les Egyptiens refusent cette loi d’une même et seule voix et revendiquent la promulgation d’une loi unifiée pour organiser la construction, la restauration et la réparation des lieux de culte en Egypte, en déterminant des critères objectifs unifiés pour les mosquées et les églises sans discrimination aucune. Une loi toute simple composée de deux articles. Une loi qui résoudrait radicalement le problème et qui mettrait fin à l’amertume des coptes et à la polémique autour de ce sujet.

L’ONG Egyptiens contre la discrimination religieuse a proposé deux articles pour cette nouvelle loi. La première stipule que : « Tous les lieux de culte chrétiens où sont pratiquées les prières au moment de la promulgation de la loi obtiennent un permis ». La seconde stipule que les règles appliquées à la construction, l’entretien, la restauration et l’expansion des lieux de culte des citoyens musulmans s’appliquent également aux lieux de culte des citoyens chrétiens. C’est ainsi qu’il sera possible de mettre un terme à la polémique autour de la loi de la construction des églises.

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