Des informations ont fuité ces derniers temps révélant le rôle américain dans le soutien de certaines organisations extrémistes afin de semer l’anarchie dans la région. Mais le rôle de Washington dans le soutien des courants de l’islam politique dans la région avant et après les révolutions arabes est bien connu de tous et n’avait pas besoin de telles « fuites ».
Wikileaks a dernièrement publié que la candidate aux présidentielles américaines Hillary Clinton, qui se rapproche chaque jour du bureau oval, avait déclaré lorsqu’elle était secrétaire d’Etat, soit de 2009 à 2013, que son pays avait pour objectif de perturber la situation en Syrie via les groupes islamistes armés afin de renverser le régime de Bachar Al-Assad. Washington, semble-t-il, désirait reprendre le scénario de l’Iraq avec l’exécution de Saddam Hussein. Tout ceci avait pour visée essentielle, bien sûr, de servir l’intérêt d’Israël et de lui apporter paix et sécurité.
Les analystes politiques ont, quant à eux, attiré l’attention sur le fait que la date du télégramme publié par Wikileaks manque de précision, car certains événements auxquels Hillary fait allusion dans ses déclarations ont eu lieu après l’an 2000, la date indiquée sur le télégramme. Probablement que la date exacte de ces déclarations est 2012. Telle était l’unique remarque des analystes qui se sont évertués à passer au crible le contenu des déclarations de l’ex-secrétaire d’Etat américaine.
En même temps, le général Hertz Halevy, chef du Mossad, a fait une autre déclaration il y a quelques semaines selon laquelle Tel-Aviv ne désirait pas que le situation en Syrie débouche sur la défaite de Daech parce que cela la confronterait inévitablement au Hezbollah et à l’Iran. Selon Halevy, les superpuissances sont en accord sur ce point avec Israël. Ces forces estiment que le retrait de Daech mettrait Tel-Aviv dans une situation délicate et qu’elles feraient de leur mieux pour l’éviter. D’ailleurs, ce même message a été transmis par le directeur du Mossad dans ses déclarations ouvertes faites à l’Université Herzliya à Israël.
C’est vraisemblablement cet argument qui justifie la position de départ de Washington de soutien aux Frères même après leur chute ; il a vu dans la présence de cette tendance de l’islam politique une arme qui servirait les intérêts régionaux d’Israël.
Les Frères avaient bien compris cela et se sont complètement soumis aux ordres américano-israéliens. Certains ont même assumé que Tel-Aviv, qui se plaignait continuellement des missiles lancés par le Hamas depuis Gaza, avait demandé au gouvernement des Frères d’intervenir auprès du Hamas pour arrêter ce calvaire. Ces missiles étaient une source ininterrompue de désarroi bien qu’ils ne leur aient causé pas de pertes considérables. Il ne fut pas un secret que le président Morsi, lors d’une rencontre tenue au grand jour avec le leader du Hamas, Ismaïl Haniyeh, avait déclaré que le Hamas s’engageait à ne plus lancer ses missiles Scud. Un engagement qui ligote le Hamas jusqu’à nos jours et l’empêche de reprendre ses tirs de missiles.
Il n’est d’ailleurs pas un secret que le gouvernement Morsi, les Etats-Unis, Israël et le Hamas s’étaient mis d’accord pour établir un émirat islamiste qui traverserait le Sinaï et qui le relierait géographiquement à Gaza. C’était une soi-disant solution au confit israélo-palestinien et une manière qui n’amènerait pas Israël à évacuer les territoires arabes. En effet, les informations sur ce marché me sont venues du président Mahmoud Abbas (Abou-Mazen) en personne qui s’était rendu au Caire pour mettre en garde Morsi contre les conséquences d’un tel projet. Je me rappelle qu’Abou-Mazen avait averti Morsi à l’époque et lui avait dit que le projet était même plus dangereux que la déclaration de Balfour et qu’il ravagerait la région de fond en comble. Il avait même réitéré que les Egyptiens seraient les premiers à le rejeter. Morsi qui avait pris à la légère ces propos, et lui avait dit à l’époque qu’il rejetait le projet parce que, s’il voyait le jour, il serait placé sous la tutelle de Haniyeh et non du pouvoir palestinien établi en Cisjordanie. Même Hillary Clinton avait écrit, dans son livre retraçant son parcours comme secrétaire d’Etat intitulé Choix difficiles, que la sortie des Frères musulmans du pouvoir avait avorté le projet.
Le monde est aujourd’hui un petit village sans barrière à la libre circulation des informations. Rien ne reste secret. John Kerry, qui était président de la commission des affaires étrangères au Sénat, était venu au siège de la confrérie dans le quartier de Moqattam au Caire, pour convaincre le guide des Frères à l’époque, le Dr Mohamad Badie, et ses leaders, de briguer les élections présidentielles et de ne pas se contenter des législatives.
Après tout cela, pourquoi s’étonner de l’appui d’Israël et des Etats-Unis aux Frères ? Pourquoi serait-il alors curieux qu’ils entonnent le même refrain avec les groupes terroristes qu’ils ont fabriqués de toutes pièces et qui sont soumis à leurs ordres ?.
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