A cette même période il y a trois ans, je suis descendu dans la rue avec ma famille, mes amis, mes connaissances ainsi que tout le peuple égyptien. Nous avons réclamé la destitution du président Mohamad Morsi et la chute du pouvoir des Frères musulmans qui ont usurpé le pouvoir au nom de la démocratie, exactement comme Hitler a usurpé le pouvoir, selon les procédés démocratiques, puis a exploité la confiance du peuple pour mettre à exécution un plan radicalement différent de celui pour lequel le peuple l’avait élu.
Pareillement, les Frères ont trompé le peuple en lui présentant des promesses électorales trompeuses. C’est ainsi que leur candidat a promis qu’il serait le président de tous les Egyptiens et non celui des Frères seulement et qu’il choisirait une grande personnalité patriotique pour devenir premier ministre. Mais lorsqu’il a accédé au pouvoir, il est devenu un outil entre les mains de sa confrérie, n’exécutant que les ordres de son guide spirituel mettant au bas du mur toutes les promesses présentées au peuple.
Il n’a fallu qu’une seule année pour que les Egyptiens découvrent la duperie et commencent à se révolter contre les politiques des Frères, contre leurs décisions inadéquates, contre leur incompétence et contre leur faible expérience dans la gestion des affaires de l’Etat qui ont mené à l’expansion du chaos dans les divers aspects de la vie quotidienne. Parallèlement, les Frères ont commencé à mettre à exécution un plan évident pour « frériser » le pays. Quatre mois seulement après son accession au pouvoir, Mohamad Morsi s’est immunisé, par un décret présidentiel, contre toute demande de compte en justice. Puis a commencé la guerre des Frères contre toutes les classes de la société dans une tentative d’anéantir les institutions de l’Etat pour les remplacer par des formations alternes affiliées aux Frères. C’est ainsi qu’ils ont affiché leur hostilité pour la justice et ont assiégé la Haute Cour constitutionnelle. Ils ont également affiché leur hostilité pour les médias, ont assiégé la Cité des médias et ont attaqué les hommes de médias. Ils se sont ensuite tournés vers les intellectuels et ont nommé un ministre de la Culture dont la première décision fut de limoger la directrice de l’Opéra et le directeur de la Maison des documents nationaux. Ils ont limogé tous les rédacteurs en chef et présidents des conseils d’administration des institutions journalistiques nationales et ont nommé à leur place 55 journalistes de tendance frériste. Nous avons également entendu parler de troupes armées privées parallèles aux forces de police régulières qui s’en prenaient aux manifestants anti-Frères, comme le jeune journaliste Al-Husseini Abou-Deif et les jeunes activistes politiques Jika, Kristi et Al-Guindi. C’est ainsi que le nombre de victimes durant le pouvoir de Morsi du 1er juillet 2012 au 3 juillet 2013 a atteint selon les estimations officielles 470 morts dans 26 gouvernorats.
La révolution du 25 janvier 2011 n’a pas eu lieu pour que le pays atteigne cet état de détérioration, ce manque de sécurité qui sévissait dans la rue et ce chaos qui s’est répandu partout. C’est ainsi que toutes les classes du peuple ont déclenché une seconde vague de révolution le 30 juin 2013 réclamant que l’armée assume sa responsabilité nationale et purifie le pays de ce pouvoir despote, car Morsi avait refusé de suivre l’avis du peuple qui réclamait des élections anticipées.
Tout cela est tout à fait compréhensible. Mais ce qui l’est moins est cet attachement maladif au pouvoir des Frères soudainement apparu dans les cercles du pouvoir en Occident. Ils ne voyaient que d’un seul oeil les événements, qualifiant Mohamad Morsi de premier président démocratiquement élu, et fermant l’autre oeil pour ne pas voir les milliers de personnes dans la rue le 30 juin réclamant sa chute. En répondant à la volonté du peuple, l’armée n’était que l’outil de cette volonté populaire clairement apparue dans les manifestations qui se sont répandues dans tous les gouvernorats.
Une simple analyse politique nous révèle facilement les raisons de la position de l’Occident. Les ententes politiques présentées par les Frères aux Américains et à leurs alliés en Occident étaient à l’origine de l’attachement accordé par Washington au pouvoir des Frères et aux efforts déployés à cette époque pour les réinstaller au pouvoir malgré la volonté du peuple. C’est là la raison de leur attachement aux Frères et non leur prétendue défense de la démocratie.
Les Frères se sont engagés entre autres à garantir la sécurité d’Israël. Les Frères l’ont prouvé lorsqu’ils ont obligé le Hamas, qualifié d’aile militaire des Frères à Gaza, d’arrêter de lancer des missiles contre Israël. C’est ainsi que le gouvernement à Gaza a respecté cet engagement jusqu’à nos jours.
Enfin, l’année que les Frères ont passée au pouvoir demeurera l’une des plus importantes années de notre histoire contemporaine.
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