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30 juin 2013 ... Pour ne pas oublier

Mardi, 12 juillet 2016

A cette même période il y a trois ans, je suis des­cendu dans la rue avec ma famille, mes amis, mes connaissances ainsi que tout le peuple égyptien. Nous avons réclamé la des­titution du président Mohamad Morsi et la chute du pouvoir des Frères musulmans qui ont usurpé le pouvoir au nom de la démocratie, exactement comme Hitler a usurpé le pouvoir, selon les procédés démocratiques, puis a exploité la confiance du peuple pour mettre à exécution un plan radi­calement différent de celui pour lequel le peuple l’avait élu.

Pareillement, les Frères ont trompé le peuple en lui présentant des pro­messes électorales trompeuses. C’est ainsi que leur candidat a promis qu’il serait le président de tous les Egyptiens et non celui des Frères seulement et qu’il choisirait une grande personnalité patriotique pour devenir premier ministre. Mais lorsqu’il a accédé au pouvoir, il est devenu un outil entre les mains de sa confrérie, n’exécutant que les ordres de son guide spirituel mettant au bas du mur toutes les promesses présen­tées au peuple.

Il n’a fallu qu’une seule année pour que les Egyptiens découvrent la dupe­rie et commencent à se révolter contre les politiques des Frères, contre leurs décisions inadéquates, contre leur incompétence et contre leur faible expérience dans la gestion des affaires de l’Etat qui ont mené à l’expansion du chaos dans les divers aspects de la vie quotidienne. Parallèlement, les Frères ont commencé à mettre à exé­cution un plan évident pour « fréri­ser » le pays. Quatre mois seulement après son accession au pouvoir, Mohamad Morsi s’est immunisé, par un décret présidentiel, contre toute demande de compte en justice. Puis a commencé la guerre des Frères contre toutes les classes de la société dans une tentative d’anéantir les institu­tions de l’Etat pour les remplacer par des formations alternes affiliées aux Frères. C’est ainsi qu’ils ont affiché leur hostilité pour la justice et ont assiégé la Haute Cour constitution­nelle. Ils ont également affiché leur hostilité pour les médias, ont assiégé la Cité des médias et ont attaqué les hommes de médias. Ils se sont ensuite tournés vers les intellectuels et ont nommé un ministre de la Culture dont la première décision fut de limoger la directrice de l’Opéra et le directeur de la Maison des documents nationaux. Ils ont limogé tous les rédacteurs en chef et présidents des conseils d’ad­ministration des institutions journalis­tiques nationales et ont nommé à leur place 55 journalistes de tendance fré­riste. Nous avons également entendu parler de troupes armées privées parallèles aux forces de police régu­lières qui s’en prenaient aux manifes­tants anti-Frères, comme le jeune journaliste Al-Husseini Abou-Deif et les jeunes activistes politiques Jika, Kristi et Al-Guindi. C’est ainsi que le nombre de victimes durant le pouvoir de Morsi du 1er juillet 2012 au 3 juillet 2013 a atteint selon les estima­tions officielles 470 morts dans 26 gouvernorats.

La révolution du 25 janvier 2011 n’a pas eu lieu pour que le pays atteigne cet état de détérioration, ce manque de sécurité qui sévissait dans la rue et ce chaos qui s’est répandu partout. C’est ainsi que toutes les classes du peuple ont déclenché une seconde vague de révolution le 30 juin 2013 réclamant que l’armée assume sa responsabilité nationale et purifie le pays de ce pouvoir despote, car Morsi avait refusé de suivre l’avis du peuple qui réclamait des élections anticipées.

Tout cela est tout à fait compréhen­sible. Mais ce qui l’est moins est cet attachement maladif au pouvoir des Frères soudainement apparu dans les cercles du pouvoir en Occident. Ils ne voyaient que d’un seul oeil les événements, qualifiant Mohamad Morsi de premier président démocra­tiquement élu, et fermant l’autre oeil pour ne pas voir les milliers de per­sonnes dans la rue le 30 juin récla­mant sa chute. En répondant à la volonté du peuple, l’armée n’était que l’outil de cette volonté populaire clairement apparue dans les manifes­tations qui se sont répandues dans tous les gouvernorats.

Une simple analyse politique nous révèle facilement les raisons de la position de l’Occident. Les ententes politiques présentées par les Frères aux Américains et à leurs alliés en Occident étaient à l’origine de l’atta­chement accordé par Washington au pouvoir des Frères et aux efforts déployés à cette époque pour les réinstaller au pouvoir malgré la volon­té du peuple. C’est là la raison de leur attachement aux Frères et non leur prétendue défense de la démocratie.

Les Frères se sont engagés entre autres à garantir la sécurité d’Israël. Les Frères l’ont prouvé lorsqu’ils ont obligé le Hamas, qualifié d’aile mili­taire des Frères à Gaza, d’arrêter de lancer des missiles contre Israël. C’est ainsi que le gouvernement à Gaza a respecté cet engagement jusqu’à nos jours.

Enfin, l’année que les Frères ont passée au pouvoir demeurera l’une des plus importantes années de notre histoire contemporaine.

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