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La bataille de Fallouja

Dimanche, 29 mai 2016

Le gouvernement iraqien de Haider Al-Abadi poursuit, avec l’appui des Américains, son offensive lancée le 23 mai contre les djihadistes de l’Etat Islamique (EI) à Fallouja dans la province d’Al-Anbar. Des forces d’élite iraqiennes se sont déployées cette semaine aux abords de la ville située à une cinquantaine de kilomètres de Bagdad en prévision d’un assaut final. En lançant cette offensive, le premier ministre iraqien poursuit deux objectifs. Il s’agit d’abord de renforcer son pouvoir affaibli par le mouvement de contestation du dignitaire chiite Moqtada Al-Sadr, mais aussi par la paralysie de son gouvernement dans l’incapacité de mettre en place des réformes sérieuses. Abadi veut également mettre fin aux attentats suicide dans les villes saintes chiites et la capitale Bagdad. Deux séries d’attentats à la voiture piégée ont fait près de 150 morts dans la capitale iraqienne en une semaine, les 11 et 17 mai. Les deux attaques ont été revendiquées par le groupe terroriste. Bagdad n’avait pas subi d’attaques aussi meurtrières depuis le début de l’année.

Daech s’était emparé de Fallouja en janvier 2014. La ville est depuis devenue l’un des principaux bastions du groupe. Celui-ci avait ensuite lancé en juin 2014 une offensive qui lui avait permis de s’emparer de vastes régions du territoire iraqien à l’ouest et au nord de Bagdad, puis de prendre Ramadi, capitale de la province d’Al-Anbar, en 2015.

Depuis, les forces iraqiennes, entraînées et aidées par les Américains, ont repris Ramadi ainsi que les villes de Hit et de Routba. Plusieurs zones de cette province restent néanmoins aux mains des djihadistes, notamment Fallouja, ainsi que la grande majorité de la province de Ninive, dont Mossoul, sa capitale, deuxième ville d’Iraq.

En multipliant les attentats, Daech, en recul en Iraq depuis le lancement des frappes de la coalition anti-EI menée par les Etats-Unis début 2015, cherche désormais à montrer son pouvoir de nuisance, à faire planer le doute sur les capacités de l’armée iraqienne et surtout à déstabiliser le gouvernement de Haider Al-Abadi en difficulté sur le front interne. Les attaques de l’EI dans les quartiers chiites visent à raviver les tensions confessionnelles. Le groupe terroriste joue sur la frustration des sunnites qui avaient été discriminés sous l’ancien premier ministre chiite, Nouri Al-Maliki, à la tête du pays, entre 2006 et 2014.

L’offensive sur Fallouja s’annonce difficile d’autant plus qu’elle intervient sur fond de désaccords entre Bagdad et Washington. Les Américains qui fournissent un appui aérien aux troupes iraqiennes préféraient se focaliser sur la ville de Mossoul, capitale de l’EI en Iraq, mais Haider Al-Abadi voulait absolument une offensive sur Fallouja plus proche de Bagdad pour tenter de mettre fin aux attentats de l’EI. Washington avait eu beaucoup de mal à libérer la ville des mains d’Al-Qaëda en 2004. 80 soldats américains y avaient trouvé la mort et la ville avait été partiellement détruite.

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