Le gouvernement israélien vire un peu plus à droite. Après la démission de son ministre de la Défense, Moshe Yaalon, le premier ministre israélien a engagé des discussions avec l’ultranationaliste Avigdor Lieberman, chef du parti Israël Beitenu, pour occuper ce poste-clé. Ancien ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman est un vétéran en politique connu pour son populisme belliqueux et ses idées contre les Palestiniens, les Arabes, les voisins d’Israël et autres. Il avait notamment soutenu que les Arabes israéliens déloyaux envers Israël « méritent de se faire décapiter à la hache » et avait affirmé que « le président palestinien Mahmoud Abbas est un terroriste diplomate ». Lieberman a longtemps milité pour l’élimination du Hamas et la réoccupation par la force de la bande de Gaza et avait aussi exigé la peine de mort pour les Palestiniens reconnus coupables de « terrorisme » par Israël.
La démission de Moshe Yaalon intervient sur fond de divergences entre Netanyahu et l’armée à laquelle appartient le premier. Ancien chef d’état-major de l’armée, Yaalon est une figure expérimentée de l’appareil sécuritaire que Netanyahu cherche à museler. Les divergences tournent notamment autour de la gestion du conflit avec les Palestiniens, mais aussi sur le dossier nucléaire iranien. Yaalon s’était récemment exprimé publiquement contre un usage excessif de la force envers les Palestiniens. Refusant le populisme de l’extrême droite israélienne, il avait encouragé les officiers dans l’un de ses discours à être « non seulement des chefs militaires, mais aussi des éducateurs » et à « dire ce qu’ils pensent, quitte à contredire leurs supérieurs ou leurs dirigeants politiques ». Ces déclarations ont poussé Netanyahu à rappeler à l’ordre son ministre de la Défense dans un climat de tensions entre le gouvernement et les militaires sur la liberté de parole de l’armée et sa place au sein de la société israélienne.
En écartant Moshe Yaalon et en ayant recours à Lieberman, Benyamin Netanyahu réalise deux objectifs. Le premier est d’élargir la coalition au pouvoir à la Knesset. Le premier ministre israélien ne dispose que de 61 députés sur un total de 120. Une très faible majorité qui fait que Netanyahu est à la merci des caprices de ses propres députés, dont certains n’hésitent pas à le critiquer publiquement ou à s’opposer à ses politiques. L’entrée d’Israël Beitenu au sein de la coalition au pouvoir fera gagner 6 sièges à M. Netanyahu qui disposerait alors d’une majorité plus confortable au sein de la Knesset. Et ce dernier peut ainsi garder la stabilité de son gouvernement et éviter les éventuelles extorsions politiques.
L’autre objectif, plus important, du chef du gouvernement israélien est d’écarter un potentiel rival au sein du Likoud. Il ne fait aucun doute que Moshe Yaalon représentait pour Netanyahu une menace politique potentielle.
Avec l’arrivée de Lieberman au ministère de la Défense, le gouvernement israélien vire un peu plus à droite, ceci au moment où des efforts sont consentis, notamment par la France, pour tenter de relancer le processus de paix avec les Palestiniens. Un objectif qui semble désormais plus difficile à réaliser.
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