Dans quelque temps aura lieu le 68e anniversaire de la guerre de Palestine durant laquelle l’Etat hébreu naissant s’est emparé de territoires arabes. C’est ainsi qu’Israël a occupé le village égyptien d’Oum Al-Réchrach, a expulsé ses habitants et l’a appelé Eilat. Un nom que le monde entier, y compris les Arabes, a repris. Depuis, les Arabes en ont fait une cause existentielle. Il s’agit de la cause palestinienne qui a cristallisé la situation arabe générale devenant ainsi son symbole. Et l’évolution de cette cause a atteint l’évolution de la situation arabe. Qu’est devenue cette cause dont plus personne ne parle ? Que lui est-il arrivé, 70 ans après ?
La série de révolutions arabes dans de nombreux pays de la région a indéniablement été la principale raison du manque d’intérêt actuel pour la cause palestinienne. Cependant, ce manque d’intérêt a commencé bien avant ces révolutions, lorsque le Hamas a pris le devant de la scène palestinienne alors que le peuple palestinien avait toujours été le symbole de la résistance nationale, attirant l’attention du monde entier sur le drame de sa diaspora en conséquence de l’instauration de l’Etat d’Israël.
Dans les années 1960, la résistance palestinienne avait réussi sous le commandement du leader Yasser Arafat à gagner le soutien de l’opinion publique internationale, même au sein des pays pro-israéliens. Un fait qui a exercé une pression sur les gouvernements de ces pays les obligeant à reconnaître l’autorité palestinienne. Une reconnaissance qui lui a, par la suite, permis de devenir membre observateur à l’Onu.
Malgré l’estime internationale apportée à la cause palestinienne, certains actes héroïques ont été qualifiés d’actes terroristes. Cependant, ces cas exceptionnels n’ont nullement affecté l’équité de la cause ou la légitimité de la résistance avant que la résistance ne se mêle au mouvement de l’islam politique. C’est alors que l’image internationale de la résistance s’est détériorée, a perdu la sympathie du monde. Puisqu’elle a pris un caractère religieux extrémiste, il a été facile de la qualifier de terroriste. C’est dans cette conjoncture que le Hamas a accédé au pouvoir à Gaza déclarant ouvertement son animosité envers l’autorité légitime en Cisjordanie. Le Hamas a alors grand ouvert la porte au délabrement de la cause de la Palestine, la faisant passer de résistance nationale légitime stipulée par toutes les conventions internationales à une organisation terroriste sous couvert de l’islam, et considérée aux yeux du monde comme le plus grand danger pour la sécurité et la stabilité des sociétés aussi bien en Orient qu’en Occident.
L’image de la cause palestinienne s’est détériorée dans l’opinion publique internationale sous l’influence de ses ennemis qui déploient d’énormes efforts pour lui ôter le caractère de résistance nationale qui rappelle à l’opinion publique les mouvements de résistance contre l’occupation nazie. En effet, des résistants comme le général De Gaulle et Jean Jaurès en France sont considérés comme des héros de l’histoire contemporaine du continent européen. Alors que l’Intifada palestinienne était le symbole vivant de la résistance pacifique sans autre arme que les pierres, les missiles que lançait le Hamas sur Israël sans faire de victimes sont devenus la preuve du terrorisme, étiquette que certains tentent de coller à la résistance palestinienne légitime d’un peuple soumis à l’occupation depuis plus de 70 ans. Notons que ces missiles ont disparu à l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans en Egypte, qui ont tenté de confirmer aux Américains leur emprise sur le mouvement de l’islam politique dans le monde arabe.
Cependant, le plus grand coup asséné à la cause palestinienne a été le déclenchement des révolutions arabes en Tunisie, en Egypte et les troubles survenus dans d’autres pays arabes : Yémen, Libye, Syrie, Iraq et Soudan. Le Printemps arabe a pris le dessus de l’information dans tous les médias du monde aux dépens d’une autre actualité venue du Moyen-Orient. La première victime a été cette cause existentielle qui a enflammé la conscience arabe depuis la Nakba en 1948 et jusqu’à la première décennie du XXIe siècle. Le Printemps arabe s’est même emparé de l’intérêt des peuples arabes qui suivent de près les troubles quotidiens de leurs pays, bien plus que ce qui se passe à Gaza ou en Cisjordanie.
Et en réalité, Israël a bien exploité cette situation. Il a expulsé les habitants arabes et a confisqué leurs terres. Il a annexé de nouveaux territoires faisant peu de cas des résolutions et conventions internationales, puis a abusé de l’usage de la violence contre les Palestiniens à tel point que leur résistance est passée du lancer de pierres à l’usage d’armes blanches.
Quelle direction prend la cause palestinienne ? La cause palestinienne ne représente-t-elle désormais que le drame de nos voisins à nos frontières ? Ou s’agit-il encore vraiment d’une cause existentielle pour tous les Arabes ? .
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