L’irruption de la violence meurtrière lors du deuxième anniversaire, vendredi dernier, du soulèvement du 25 janvier démontre, une fois de plus, les graves difficultés que traverse la chaotique transition démocratique en Egypte. Elle souligne clairement que les vertus du dialogue, de la négociation, du compromis et de la décision collective sont encore loin de faire leur chemin dans la vie politique post-révolution, qui sera sans doute marquée, et pendant une bonne période, par des flambées de violence et par une polarisation politique entre les principaux acteurs. Ce qui rend presque impossible toute entente sur le minimum nécessaire de principes permettant d’aller de l’avant et l’enracinement de la démocratie.
Les scènes désolantes de violence rendent sans doute lasse une population impatiente de retrouver une vie normale et une relance économique, après deux ans qui ont témoigné d’une détérioration constante des conditions de vie de la majeure partie des citoyens, dont la dernière manifestation est la chute de la valeur de la monnaie nationale, qui doit notamment se traduire par une flambée de prix des produits de première nécessité. L’Egypte importe 60 % de ses denrées alimentaires.
La responsabilité de la violence incombe aux deux principaux protagonistes de la vie politique : l’opposition et le pouvoir. La première n’arrive ni à contrôler ses troupes, ni à condamner fermement tout acte de violence, satisfaite de voir le pouvoir mis sur la défensive pour son incapacité à prévenir les violences et à protéger les citoyens et les biens publics. De son côté, le pouvoir se trouve incapable et/ou ne désire pas faire les concessions nécessaires permettant un rapprochement avec l’opposition. Des concessions pourtant indispensables et qui se justifient par la période exceptionnelle que traverse le pays et qui nécessite de part et d’autre un sens aigu de la responsabilité permettant de traverser au moindre coût la période transitoire. Nul doute que l’Egypte court un vrai danger en cas de poursuite de ce même état d’esprit qui prévaut aussi bien chez le pouvoir que chez l’opposition et qui se focalise sur les intérêts politiciens étroits de chaque camp, au détriment de ceux du pays à long terme .
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