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La coalition prônée par Israël

Dimanche, 20 décembre 2015

La scène arabe régionale se complique tous les jours davantage. J’entends par là cette interférence entre les évolutions en Syrie, en Iraq, en Libye, en Yémen et même au Liban ainsi qu’entre le rôle des trois grandes forces régionales qui se disputent le leadership dans la région, à savoir l’Iran, la Turquie et Israël. Ces trois forces se trouvent de plus en plus impliquées dans les conflits et évolutions arabes. Elles ont désormais leur mot à dire dans ces conflits, davantage que tout autre pays arabe. Ces conflits arabes se sont même transformés en événements déterminants de l’avenir du leadership de ces forces. A mon avis, la question qui préoccupe ces trois pays est la suivante : comment sortir de ces conflits avec le maximum de gains et le minimum de pertes ?

Si nous prenons l’exemple d’Israël, nous découvrirons qu’il est préoccupé par la question précédente mais aussi par une autre non moins importante. Cette question revêt trois dimensions : assurer la suprématie militaire stratégique israélienne sur toutes les forces voisines arabes ou régionales et apporter un soutien international puissant capable de garantir la suprématie israélienne, tout en prenant en considération les évolutions survenues dans l’équilibre des forces régionales et leurs rôles mouvants. Et ce, sans renoncer évidemment à la relation exceptionnelle liant Israël aux Etats-Unis malgré le recul du rôle et du pouvoir américains dans la gestion des conflits internationaux. C’est ainsi qu’Israël tente de gagner l’amitié et le soutien des forces internationales montantes et concurrentes au pouvoir américain dans la région du Moyen-Orient, avec notamment la Russie. La troisième dimension est de revitaliser le rôle de l’Etat hébreu pour tout le monde arabe, soit créer un rôle régional pour Israël qui prend en considération les mutations survenues chez des pays et des parties arabes qui considèrent désormais Israël comme un éventuel allié et non plus un ennemi certain. Des mutations survenues à la suite des perturbations dans les relations avec les pays arabes ces trois dernières décennies au sujet de la cause palestinienne.

Mais deux autres questions importantes préoccupent l’Etat hébreu. Il s’agit d’abord de l’augmentation de la présence iranienne en Syrie et l’expansion du pouvoir du Hezbollah sur les territoires syriens sous l’ombrelle militaire russe. En effet, Israël craint que l’Iran soutenu par le Hezbollah crée un front de lutte contre Israël à partir du Golan, et surtout que l’Iran devienne un voisin frontalier d’Israël sur les territoires syriens et les conséquences sur la sécurité et les intérêts israéliens. Il s’agit ensuite du démantèlement éventuel de la Syrie à cause du conflit acharné sur son territoire. Israël craint alors l’exode des milliers de sunnites syriens engendrant une supériorité des chiites et son impact sur l’avenir du régime politique syrien. Israël craint surtout le démantèlement de la Syrie en petits Etats dominés par des groupuscules islamiques extrémistes à la suite de la chute du régime de Bachar Al-Assad.

Par ailleurs, trois importantes questions soulèvent les craintes d’Israël. D’abord, ce qu’il appelle le vide des forces apparu en conséquence de l’absence intentionnée du rôle américain, car le président Obama insiste sur le fait de ne pas s’impliquer militairement en Syrie ou en Iraq. Il se contente de présenter un soutien militaire à ses alliés et de miser sur les frappes aériennes contre Daech. Selon les Israéliens, ce vide séduit les forces capables de le combler comme la Russie. Par conséquent, il tient à établir une coordination militaire avec la Russie et à parier sur elle en tant qu’éventuel allié dans une tentative de contrer la coalition irano-russe et de réduire ses dangers. De plus, Israël craint la création d’une coalition stratégique irano-russe. Les Israéliens parient sur une éventuelle concurrence entre l’Iran et la Russie autour du pouvoir en Syrie, car les Iraniens craignent que leur pouvoir en Syrie n'aille à la Russie. Enfin, Israël craint la création d’un axe pour les Arabes chiites dirigé par l’Iran et la Russie. Partant, Israël tente de créer un axe adversaire des Arabes sunnites dirigé par lui et soutenu par les Etats-Unis. C’est là l’ancienne ambition israélienne apparue durant la guerre israélienne contre le Liban à l’été 2006, lorsque l’Egypte et l’Arabie saoudite avaient rendu l’Iran et le Hezbollah responsables de cette guerre. C’est alors que le ministre israélien des Affaires étrangères à l’époque, Tesby Levu, avait déclaré qu’il était grand temps qu’Israël devienne membre de la coalition sunnite afin de faire face à l’axe chiite contre lequel le souverain jordanien, Abdallah Al-Hussein, avait mis en garde.

Maintenant, le ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon, et le chef de l’opposition israélienne et chef du centre appelé l’Union sioniste, Isaac Herzog, adoptent l’invitation de « créer un pacte similaire à l’Otan entre Israël et les pays arabes sunnites modérés dans leur position envers Israël afin de faire face à une collision arabe chiite dirigée par l’Iran et la Russie ».

Les Israéliens y voient là une occasion de renouveler le rôle historique d’Israël au niveau régional. En effet, Israël se présente comme une force régionale capable de protéger les pays arabes alliés contre les nouveaux ennemis, soit les Arabes chiites soutenus par l’Iran et la Russie. Où se situe l’Egypte dans cette pensée diabolique ?.

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