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L'Egypte et la solution sécuritaire en Libye

Dimanche, 08 novembre 2015

L’Egypte accorde un intérêt particulier à la Libye, qui n’est pas un simple pays voisin. Elle représente une dimension sociale, économique et sécuritaire indéniable. Dès que la situation a viré au chaos politique et sécuritaire, accompagné d’une large division entre les forces libyennes qui s’étaient auparavant accordées à affronter le régime de Kadhafi et à le renverser, la Libye a commencé à représenter un éventuel danger pour l’Egypte. Cela notamment à la suite de l’expansion de groupuscules armés formés de Libyens, mais aussi de différentes nationalités africaines et asiatiques qui ont prêté allégeance à Daech. Le Caire a alors accordé une importance accrue à la sécurisation des frontières ouest et à la coopération avec le gouvernement de Abdullah Al-Sany, soutenu par le Conseil des députés mondialement reconnu. L’Egypte a par ailleurs oeuvré à augmenter les capacités sécuritaires et militaires du gouvernement d’Al-Sany pour l’aider à affronter les groupuscules terroristes armés, à étendre son autorité à toutes les parties de la Libye et à mettre un terme à la division avec le Congrès national public, consolidé par le mouvement Fagr Libya qui impose son autorité sur la capitale et les régions de l’ouest de la Libye.

Partant, le président Al-Sissi a appelé, lors de la réunion de l’Assemblée générale de l’Onu en décembre 2014, à lever l’embargo des armes, imposé au gouvernement d’Al-Sany en sa qualité de gouvernement légitime, et à augmenter ses capacités militaires afin de pouvoir faire face à l’expansion de Daech au centre et au sud de la Libye. Cependant, cette requête n’a pas trouvé de réponse aux niveaux régional et international, et a été considérée comme un pas qui influencera négativement les efforts de l’envoyé spécial de l’Onu, Bernardino Léon, qui étaient à leurs débuts et qui faisaient face à de graves difficultés. L’avis du Caire était clair : le soutien militaire et politique du gouvernement légitime, pour faire face au terrorisme, ne contredit nullement le processus de paix parrainé par l’Onu. Au contraire, il le consolide et l’accélère, surtout le fait que Daech continue à obtenir des approvisionnements en armes, en individus et en fonds de différentes sources, alors qu’un embargo d’armes est imposé au gouvernement légitime. De plus, les groupuscules affiliés au groupe confrériste Fagr Libya obtiennent des soutiens militaires et financiers de différents pays soutenant l’Organisation internationale des Frères musulmans. Tout ceci crée un déséquilibre évident entre le gouvernement légitime et ces groupuscules armés.

La position égyptienne s’est basée sur une logique politique indiscutable : la faiblesse du gouvernement légitime est à même de créer un vide, où proliféreront les extrémistes et les terroristes. L’Egypte a réitéré que ce qui se passait en Libye était essentiellement la faute de l’Otan, qui a abandonné le peuple libyen après la chute de Kadhafi et ne lui avait présenté aucune aide pour réinstaurer la stabilité, la sécurité et la reconstruction. Il incombe donc à l’Otan avec tous ses membres de poursuivre sa mission dans la reconstruction de la Libye, d’affronter les dangers qui nous menacent tous sans exception et de mettre un terme au flux des fonds et des armes vers les groupuscules extrémistes et terroristes.

L’Egypte n’a jamais refusé le processus politique par principe. Mais elle a mis en doute la capacité des parties à parvenir à une formule acceptable dans un délai raisonnable surtout que l’équilibre des forces peut changer à tout moment. Cependant, l’Egypte a soutenu les efforts de l’envoyé international et a oeuvré à former une vision régionale avec les principaux pays concernés comme l’Algérie et l’Italie. Il y a six mois, ont commencé les consultations tripartites entre ces pays afin d’évaluer la situation en Libye et d’identifier ce que peuvent faire ces pays pour aider l’envoyé spécial à accomplir sa mission. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, avait déclaré en octobre dernier que l’Egypte avait joué un rôle important pour convaincre le président du Conseil des députés libyen d’accepter les amendements apportés à l’accord préliminaire, dont les grandes lignes avaient été annoncées en juillet dernier. L’Egypte a également présenté plusieurs suggestions à l’envoyé spécial, qui en a profité pour amender l’accord et parvenir à une quatrième et dernière formule qui a été annoncée en septembre et qui était censée entrer en vigueur le 20 octobre dernier. Mais il n’en fut rien.

Lors de la troisième réunion consultative, organisée en Algérie le 2 novembre, Sameh Choukri a déclaré qu’il était désormais indispensable que les parties libyennes acceptent la quatrième formule de l’accord qui stipule la formation d’un gouvernement d’entente nationale et d’un conseil présidentiel formé de 9 membres, la préservation du Conseil des députés à Tabrouk en tant que conseil législatif et la préparation du congrès national public à Tripoli en tant que seconde chambre législative, de sorte à préserver le gouvernement deux ans de plus, au cours desquels seront reconstruits les services sécuritaires et sera élaborée une nouvelle Constitution.

Tout ceci montre l’intérêt que porte l’Egypte à la nécessité de mettre un terme au chaos et à la division malgré ses réserves sur le mouvement Fagr Libya, qui domine la capitale Tripoli. L’essentiel pour l’Egypte est de mettre un terme au conflit entre Libyens et à la situation de vacance du pouvoir, ainsi que d’entamer l’affrontement de Daech et de ses alliés .

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