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L'Iran et le nouvel ordre régional

Dimanche, 09 août 2015

L’accord nucléaire avec l’Iran va sans doute changer l’ordre proche-oriental. Dans ce contexte, il convient de s’interroger sur le poids de l’Egypte au sein de cet ordre. Mais il faudrait d’abord définir l’ordre régional proche-oriental et analyser le rôle égyptien au sein de cet ordre.

Commençons par définir l’ordre régional. Il s’agit d’un système d’interactions entre des unités politiques indépendantes (des Etats) à l’intérieur d’une région géographique déterminée. C’est donc un cadre interactif regroupant plusieurs Etats, ce qui fait que n’importe quel changement dans l’une de ses parties influence toutes les autres parties. Tout ordre régional peut être abordé de deux perspectives. Premièrement, le considérer comme étant un ordre secondaire affilié à l’ordre mondial, et deuxièmement, le considérer comme étant un rassemblement d’Etats voisins qui appartiennent à une région géographique déterminée.

L’ordre régional proche-oriental est l’une des branches de l’ordre mondial. Il est principalement composé des pays arabes, en plus de trois Etats non arabes, chaque pays possédant son propre projet politique. Ces Etats sont l’Iran, la Turquie et l’entité sioniste.

L’histoire de la région du Proche-Orient a connu un conflit entre l’ordre arabe qui tient à son indépendance et l’ordre proche-oriental qui tente d’attirer les régimes arabes vers lui et de les dominer. L’ordre arabe a réussi pendant les années 1950 et 60 du siècle dernier à sauvegarder son indépendance. Mais à d’autres époques, il a été infiltré par l’ordre proche-oriental.

L’ordre régional proche-oriental, comme tout autre ordre, se divise en Etats du centre (qui dirigent l’ordre) et Etats secondaires qui sont en général soumis à la domination des Etats du centre. Les Etats du centre se divisent en trois catégories. D'abord, il y a les Etats dominants. Il y a ensuite, les Etats qui refusent ou qui s’opposent à l’hégémonie des Etats dominants et qui veulent prendre leur place. Et enfin, il y a les Etats de l’équilibre qui essayent de calmer les conflits ou qui décident de s’aligner sur l’un des deux groupes précédents en fonction des intérêts nationaux. En général, ce sont les Etats du centre qui possèdent les plus importantes ressources et qui ont un rôle actif contrairement aux Etats secondaires.

L’ordre régional proche-oriental est né à la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945 et au début de la Guerre froide, alors que le monde était divisé en deux camps en conflit. C’est également à partir de cette année qu’est né l’ordre régional proche-oriental et qu’il s’est engagé dans des conflits. Il y a eu les tentatives américaines d’attirer les Etats arabes et proche-orientaux au sein d’une coalition contre l’Union soviétique, et la mise en place par l’Egypte de la politique d’alignement positif et ensuite de non-alignement.

Il y a eu alors un choc entre, d’un côté, l’Egypte et son projet national axé autour de l’indépendance, de la libération de la Palestine et de l’appel à l’unité arabe, et d’un autre côté, les trois Etats de l’ordre proche-oriental, à savoir l’Iran, la Turquie et Israël, qui se sont alignés sur la politique américaine et sur Israël en s’opposant au mouvement de libération arabe. L’attaque tripartite de 1956 contre l’Egypte après la décision de Nasser de nationaliser le Canal de Suez constitue l’apogée de l’affrontement qui a permis de déterminer les forces du centre de l’ordre proche-oriental. Dans cet ordre, il y a Israël qui est l’Etat aspirant à l’hégémonie, l’Egypte qui est l’Etat refusant l’hégémonie israélienne et qui aspire à l’unité arabe. Et il y a la Turquie et l’Iran qui sont les deux Etats d’équilibre entre l’Egypte et Israël, mais qui se sont alignés sur Israël dans le contexte de leur alignement sur les Etats-Unis.

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