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Régressions et contradictions

Lundi, 31 décembre 2012

Les contradictions se sont multipliées chez les actuels dirigeants de l’Egypte, à savoir les Frères musulmans, d’une manière inquiétante. La semaine dernière, le porte-parole du Conseil des ministres, Alaa Al-Hadidi, a dénié tout éventuel remaniement ministériel. Le lendemain, il annonce la nouvelle du nouveau remaniement. Il s’agit là d’un comportement indigne d’un gouvernement qui se respecte ou qui respecte l’opinion publique. Il ne doit en aucun cas faire l’objet d’une négligence pareille.

Le problème n’est pas dans le fait d’annoncer la nouvelle et de la démentir le lendemain, car cela peut arriver exceptionnellement. Mais quand cela devient une méthode et une manière d’agir constante, cela veut dire que nous sommes devant un problème majeur auquel est exposé non seulement le gouvernement mais tout le pays.

Autre exemple : le vice-président de la République, le conseiller Mahmoud Mekki, a annoncé sa démission. Et le lendemain, nous l’avons vu adresser un appel aux leaders de l’opposition pour se réunir, sous sa houlette, autour d’une même table dans le cadre du dialogue national. Jusqu’à maintenant, rien n’est clair. Il semble que sa démission ait été acceptée, alors qu’il poursuit le prétendu dialogue national sous son égide !

En effet, ceux qui ont été invités à ce dialogue sont les mêmes personnes ayant été accusées de haute trahison par le nouveau procureur général nommé pour accomplir les objectifs des Frères musulmans. Quelle contradiction ! Les leaders de l’opposition sont accusés de trahison et sont traduits en justice, au moment où ils sont invités à la présidence de la République pour connaître leurs avis sur les grandes causes nationales.

Sur le même registre, les partisans de l’homme d’affaires Frère musulman, Khaïrat Al-Chater, exercent des pressions pour le nommer premier ministre dans le nouveau remaniement ... alors que Al-Chater était disqualifié de la course à la présidentielle, parce qu’il avait été condamné à une peine de prison. Comment se fait-il qu’il soit aujourd’hui qualifié pour accéder au poste de premier ministre tout en étant interdit d’exercer ses droits politiques ? Même chose lorsqu’il est allé voter au référendum, sous la même interdiction en vertu d’un verdict judiciaire. Comment a-t-on inscrit son nom sur la liste des électeurs ? Cette fraude aurait pu passer inaperçue si les femmes qui faisaient la queue devant le bureau de vote ne l’avaient pas remarqué et l’avaient hué à haute voix. D’ailleurs le lendemain, les journaux ont publié cet incident à la une, photos à l’appui.

En parlant de ces contradictions flagrantes, j’ai voulu démontrer qu’elles ne se limitent pas au président, mais qu’elles sont devenues monnaie courante dans le mode de gouvernance des Frères musulmans. Ce qui provoque l’inquiétude quant à l’avenir de l’Etat et des institutions qui sont gérées de la même façon.

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