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Les Arabes et l'Iran

Lundi, 27 juillet 2015

A la fin de l’année 2010, le Foreign Policy a présenté une analyse importante intitulée : « Pourquoi les Arabes et les Iraniens ne se rencontrent-ils pas ? ». Et la réponse comprenait de nombreuses explications. Selon l’analyse, les relations entre Arabes et Iraniens ont toujours été intenses à travers le commerce, les liens de parenté et le mariage. Mais le problème réside dans le manque de confiance causé par la différence confessionnelle entre chiites et sunnites et qui s’est transformée, ces dernières années, en affrontements sanglants en Iraq. Ce qui donne l’impression que nous sommes encore au VIIe siècle, cela en plus de la fierté nationale fanatique et la propagation de stéréotypes concernant l’autre. Et tout ceci a été couronné par un grave différend entre l’Iran avec ses régimes révolutionnaires consécutifs, et ses voisins du Golfe aux monarchies traditionnelles. Les Arabes et les Iraniens vivent donc un état d’affrontement plutôt qu’un état d’interaction leur permettant de réaliser des échanges culturels et civilisationnels. Ce qui a élargi le fossé et accru les doutes et les malentendus.

L’accord sur le nucléaire récemment conclu entre les superpuissances et l’Iran forme une nouvelle réalité dans la région arabe et pousse à reformuler la question : « Quand les Arabes et les Iraniens se rencontreront-ils ? ». Aujourd’hui, la rencontre entre les deux parties n’est plus un choix, mais plutôt une nécessité. Cette rencontre devrait être un début pour instaurer un nouveau régime arabe régional, dans lequel l’Iran passerait, dans l’affrontement, d’un axe principal à un élément essentiel dans le règlement de nombreux problèmes régionaux. Et ce, alors que l’influence de l’Iran s’est étendue à quatre Etats de la région qui sont l’Iraq, la Syrie, le Yémen et le Liban. La région arabe n’est plus capable de remettre les choses en ordre sans une entente avec l’Iran.

Depuis l’accord international avec l’Iran et le changement de position des superpuissances, deux nouveaux scénarios sont possibles. Le premier suppose que l’accord impose une nouvelle réalité permettant de parvenir à une coopération entre les Etats arabes et l’Iran. Ce qui garantit le règlement des crises arabes actuelles en se basant sur des fondements acceptés par les deux parties. Et aussi s’engager dans de nouvelles relations basées sur le respect des particularités sans intervenir dans les affaires intérieures de l’autre, renoncer à l’hégémonie et se concentrer sur la coopération économique. Ce scénario parie sur les avantages économiques qui peuvent surgir de la coopération ainsi que les changements culturels et politiques qui se produiront en Iran quand il sortira de son isolement.

Quant au second scénario, il serait plutôt caractérisé par le choc entre le camp dirigé par l’Iran et l’Arabie saoudite, qui implique un conflit sunnite-chiite, avec la hausse des tensions dans la région. L’extrémisme connaîtrait une aggravation considérable de la tension pour aboutir à ce que l’on appelle un conflit de basse intensité.

La problématique imposée par ce scénario est qu’il renforce la possibilité d’ingérence sans précédent des superpuissances dans la région arabe pour garantir l’équilibre des relations entre les deux parties en conflit. Des relations gérées par les intérêts de chacun. Et quand le conflit d’intérêt s’accroît, le désordre aussi. Et là l’évolution politique et culturelle devient impossible dans la région entière. La sécurité, la liberté et la démocratie deviennent une priorité, alors que la région peut s’engager dans un tunnel obscur de violence, de haine et de désespoir .

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