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Le partenariat stratégique égypto-saoudien

Lundi, 22 juin 2015

Le partenariat stratégique égypto-saoudien est devenu impératif pour jouer le rôle de la locomotive capable de faire face aux énormes défis qu’affronte la nation arabe. Il existe un fossé entre les deux pays quant à la conception des sources de menaces. L’Arabie saoudite accorde la priorité à l’affrontement de ce qu’elle considère un danger iranien. Raison pour laquelle elle entre dans des affrontements contre l’Iran en Syrie, en Iraq, au Liban et enfin au Yémen. Quant à l’Egypte, bien qu’elle ne minimise pas le danger du projet iranien et ses avidités dans le monde arabe, elle considère le danger iranien comme ajourné. Elle accorde plutôt la priorité au danger du terro­risme confessionnel qui menace trois aspects égyptiens et arabes en même temps.
Pour l’Egypte, ce terrorisme menace l’unité des pays arabes. Il menace ces pays et oeuvre à les démanteler et les anéantir, ou à les transformer en petits émirats isla­miques au sein du califat, le projet auquel aspire ce terrorisme confes­sionnel. Ce dernier menace égale­ment la religion musulmane et la défigure. Il mène une guerre confes­sionnelle qui déchire l’unité de la conviction et de la religion. De plus, ce terrorisme menace la sécurité nationale arabe, car il anéantit les armées et démantèle les nations. Ce qui se passe en Iraq, en Syrie, en Libye et au Yémen est la plus grande preuve de ce danger. C’est pourquoi l’Egypte accorde la priorité à affron­ter ce danger, étant convaincue que cela lui permettra d’affronter tous les autres dangers avec en tête l’Iran.
Les médias jouent un rôle impor­tant dans la déformation de la concep­tion mutuelle des causes vitales arabes entre Le Caire et Riyad, notamment en ce qui concerne les deux crises syrienne et yéménite. La crise syrienne est l’un des exemples les plus évidents de la divergence des opinions égyptienne et saoudienne autour de sa résolution. L’Arabie saoudite accorde la priorité à la réso­lution militaire alors que l’Egypte opte pour la solution politique.
Par ailleurs, les médias ont joué un mauvais rôle dans l’élargissement de ce fossé et dans la minimisation des chances de rapprochement. Des médias saoudiens avaient commencé, avant la tenue de la conférence de l’opposition syrienne les 8 et 9 juin au Caire, à propager une idée erronée : l’Egypte vise, à travers cette confé­rence, à trouver un substitut à la Coalition nationale syrienne siégeant à Istanbul, en Turquie, et l’objectif de cette conférence, comme le veut l’Egypte, est de couper court à l’invi­tation saoudienne de tenir une réu­nion prometteuse de l’opposition syrienne. Une réunion qui jouirait d’une approbation qatari et turque et de la participation de la Coalition nationale syrienne, de l’armée libre et des forces combattantes influentes sur le terrain, notamment l’armée d’Al-Fatah qui regroupe de nom­breux groupuscules djihadistes.
Si nous observons les forces invi­tées à cette réunion, nous découvri­rons que celles-ci favorisent la solu­tion militaire de la crise syrienne en renversant Al-Assad et son régime. Quant à la conférence organisée par Le Caire, elle n’avait aucune relation avec les mensonges diffusés. Elle n’a pas tenté de fonder un organisme ou de créer une direction alternative à l’opposition syrienne, comme l’a confirmé le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, dans son allocution inaugurale. De plus, elle a regroupé les forces convaincues de la résolution politique de la crise syrienne et de la préserva­tion de la Syrie unie pour empêcher l’effondrement de l’Etat syrien. Le titre de la conférence était « Pour une solution politique de la Syrie », sans oublier que son objectif était de par­venir à une feuille de route pour une solution politique négociable vers une Syrie démocratique, et au projet d’une charte nationale garantissant la vision de la nouvelle Syrie comme la veulent les opposants.
La déformation intentionnée de la conférence de l’opposition syrienne tenue au Caire et la divergence des points de vue autour des priorités des sources de dangers et de menaces imposent aux deux pays la nécessité d’engager un dialogue responsable.
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