Après deux semaines d’agitation et suite à de multiples tractations, le président Morsi a finalement décidé d’annuler son décret controversé du 22 novembre, qui lui donne des pouvoirs exceptionnels. Mais en maintenant le référendum sur la Constitution à sa date prévue du 15 décembre, il ne met pas totalement fin à la crise. Dans les rangs de l’opposition, la décision de Morsi est perçue comme une « manoeuvre politique visant à tromper le peuple ». Pourquoi ? Parce que, après tout, le décret du 22 novembre avait un caractère temporaire et devait prendre fin dès l’approbation de la nouvelle Constitution. Or, l’enjeu d’une Constitution qui doit régir l’Egypte pendant des années semble bien plus grand. D’où la détermination de l’opposition à reporter le référendum pour remédier aux « failles » de la Constitution. « Une Constitution qui anéantit nos droits et nos libertés est une Constitution que nous ferons tomber », a affirmé Mohamed ElBaradei, figure de proue de l’opposition. Et le mouvement du 6 Avril, très actif lors de la révolte qui a renversé Hosni Moubarak en février 2011, a lui aussi appelé à poursuivre les manifestations pour arrêter le référendum sur la Constitution « des Frères musulmans ». Face à cette situation, le président Morsi parie sur une approbation « rapide » du texte fondamental qui lui permettrait de sortir de l’impasse.
La confrontation politique entre islamistes et libéraux ne semble donc pas prête à prendre fin. Cette confrontation a, au cours des deux dernières semaines, provoqué la plus grave crise politique que l’Egypte ait connue depuis l’arrivée au pouvoir du président Morsi en juin dernier. Les deux camps se sont livrés à une véritable démonstration de force. Et c’est peut-être là l’une des caractéristiques de cette confrontation. En l’absence d’un esprit de dialogue, c’est dans la rue que la bataille se déroulait. Que ce soit sur la place Tahrir, devant l’Université du Caire, devant le siège de la Cour constitutionnelle ou devant le palais d’Al-Ittihadiya, les manifestations et les contre-manifestations se sont succédé. Les affrontements entre opposants et partisans du président Morsi ont fait 6 morts et des centaines de blessés. Les politiques ne sont intervenus qu’une fois la bataille « sur le terrain » achevée. La rue est devenue la principale arène de confrontation politique.
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