Le président Barack Obama accueille ce mercredi 13 mai, pour deux jours, les dirigeants des monarchies du Golfe, pour un sommet très attendu, dont le but est de dissiper les craintes de ces dernières nées de l’accord-cadre conclu en mars dernier entre les grandes puissances et l’Iran sur son dossier nucléaire. Le sommet devrait se conclure par l’annonce de fermes engagements de Washington en faveur de la sécurité de ses alliés du Golfe, dont des ventes d’armes et un accord sur la création, avec l’aide américaine, d’un système antimissile qui couvre l’ensemble des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) : l’Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, Bahreïn, les Emirats arabes unis et Oman, contre d’éventuelles menaces iraniennes.
Les négociations pendant le sommet ne devraient pourtant pas être faciles. Des divergences de vue séparent Washington de ses alliés du Golfe. En premier lieu, Les Etats-Unis veulent conditionner leur engagement sécuritaire accru par un réciproque engagement des monarchies du Golfe à accroître leur intégration dans le domaine de la défense et, pour ce faire, à régler les divergences politiques qui opposent certaines d’entre elles, les empêchant d’avoir une politique de défense commune. Les pays du Golfe préfèrent d’habitude entretenir des relations de défense bilatérales avec Washington, alors que ce dernier souhaite les traiter comme un seul bloc, afin d’augmenter leur efficacité opérationnelle. Un programme américain a été conçu dans ce sens, fin 2013, par l’ancien secrétaire à la défense, Chuck Hagel, afin d’équiper le CCG d’un système de défense commune antimissiles contre de possibles menaces balistiques iraniennes, mais a été reporté sine die en raison des divergences et des suspicions politiques entre certains de ses membres, notamment le Qatar, d’un côté, l’Arabie saoudite, les Emirats et Bahreïn, de l’autre. Ces trois pays avaient retiré en mars 2014 leurs ambassadeurs de Doha, à cause de son soutien aux mouvements islamistes dans le monde arabe, notamment les Frères musulmans. La crise, sans précédent, a pris fin en novembre dernier, après des engagements du Qatar à cesser son soutien aux islamistes.
Les Etats-Unis et les pays du Golfe divergent aussi sur la nature et l’étendue de la menace iranienne. Les deux parties étaient déjà en désaccord par le passé sur l’importance du soutien militaire apporté par Téhéran à des mouvements protestataires arabes, comme à l’opposition chiite au Bahreïn et aux Houthis au Yémen. Alors que la majorité des pays du Golfe montraient du doigt le rôle de Téhéran dans la création de l’instabilité en vue d’étendre son influence régionale, Washington minimisait la portée de cette immixtion iranienne dans les affaires de la région. En conséquence, les Etats-Unis veulent limiter leurs promesses de soutien aux seules menaces militaires directes de l’Iran, sans aller jusqu’à contenir les ambitions de la République islamique au Moyen-Orient, et en particulier dans la région du Golfe, comme le souhaitent les membres du CCG. Ceci traduit un écart de vue entre les deux parties sur les vraies sources de menaces dans la région. Pour Barack Obama, comme il l’a dit dans un entretien au New York Times le mois dernier, la grande menace pour la sécurité des pays du Golfe ne proviendrait pas de l’Iran, mais du manque de démocratie.
L’engagement américain en faveur de la sécurité du Golfe ne devrait pas aller jusqu’à la conclusion d’un traité de défense, à l’instar de ceux conclus avec le Japon et la Corée du Sud, comme le souhaitent certains membres du CCG. L’Administration américaine comprend la difficulté de signer un tel traité, en raison de l’opposition du puissant lobby pro-israélien, relayé par les membres du Congrès soutenant Israël et qui sont capables d’empêcher sa conclusion. L’engament américain ne devrait pas non plus aller jusqu’à la vente d’armes très avancées, comme les chasseurs F-35, fleuron de l’industrie de défense américaine, pourtant souhaitée par certains membres du CCG, afin de garder la suprématie qualitative d’Israël sur ses voisins arabes. Un ferme engagement américain de longue date .
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