Le logo de TotalEnergies. Photo : AFP
Plus de 300 scientifiques, dont des experts de l'ONU, qualifient de "climaticide" la stratégie de TotalEnergies, dans une tribune publiée dans Le Monde, alors que la quatrième major mondiale du pétrole tient son assemblée générale vendredi.
"Pour justifier ses investissements" dans le pétrole et le gaz, en "contradiction" avec l'objectif de l'accord de Paris sur le climat, "la tactique de TotalEnergies est maintenant bien rodée et articulée autour de six points", soulignent les signataires, parmi lesquels plusieurs co-auteurs de rapports du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat mandatés par l'ONU (Giec).
Il s'agit d'abord pour l'entreprise centenaire de "verdir à peu de frais l'image de la marque", en changeant de nom et en mettant "systématiquement en avant dans sa communication publique les énergies renouvelables, alors même que celles-ci ne représentent que 2% de la production du groupe en 2023", accusent les scientifiques.
Ils reprochent également à TotalEnergies de "distordre les faits scientifiques pour rendre sa politique de développement faussement compatible avec les objectifs climatiques", de "dénigrer les scientifiques", mais aussi d'"entretenir" l'argument de "la dépendance de nos sociétés aux énergies fossiles".
En mettant en outre "en avant le gaz comme une énergie propre ou +de transition+, en mettant sous le tapis le fait que les installations de gaz naturel ne réduisent que faiblement les émissions par rapport au charbon", ou en faisant "du chantage à l'emploi", TotalEnergies poursuit sa "trajectoire climaticide si rentable", "le pied sur l'accélérateur", fustigent les auteurs de la tribune.
"La puissance publique semble n'avoir aucun moyen d'action et se contente de faire le constat et de +regretter+ les décisions de TotalEnergies", blâment-ils.
Mais "il faut se rendre à l'évidence: alors que ses bénéfices atteignent des niveaux record (21 milliards de dollars en 2023), TotalEnergies ne réduira pas sa production d'énergies fossiles parce qu'on le lui demande poliment", critiquent les scientifiques.
Outre la "nationalisation" de l'entreprise ou la "taxation des superprofits", la tribune propose "d'introduire dans la loi la notion de faillite écologique, qui permettrait à la puissance publique d'envisager un redressement judiciaire d'une entreprise dont les impacts environnementaux vont à l'encontre des accords internationaux eu égard à sa stratégie climatique".
Lien court: