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La région MENA écrasée par la chaleur

Racha Darwich , Jeudi, 27 juillet 2023

Comme de nombreux pays de l’hémisphère nord, plusieurs pays arabes subissent une canicule sans précédent provoquée par un dôme de chaleur.

La région MENA écrasée par la chaleur

« L’Egypte et la majorité des pays arabes sont sous l’influence d’un dôme de chaleur qui persistera au-dessus de la région jusqu’au début août, entraînant des températures de 5 à 6°C au-dessus de la moyenne ». C’est ce qu’explique Dr Gamal Al-Sayed, expert météorologique. Alors que le mercure est monté jusqu’à 40 et 42°C au Caire, les températures frôlent les 50°C au sud de l’Iraq et au Koweït où les rues sont quasiment désertes tout au long de la journée. Même au Liban, connu pour son climat modéré, le thermomètre enregistre le chiffre record de 35°C avec des taux élevés d’humidité qui augmentent la sensation de chaleur. Avec des conjonctures économiques difficiles qui rendent la climatisation un luxe pour de nombreux Libanais, la situation est des plus difficiles. La vague de chaleur a aussi touché la Tunisie avec 50°C dans les régions désertiques du sud et 47°C sur les côtes nord, soit 5°C de plus que les taux naturels. Ce qui a poussé les autorités à réduire les heures de travail, recommandant aux habitants de ne pas sortir au soleil et de boire beaucoup d’eau. Ces pays arabes, et d’autres, sont frappés par un dôme de chaleur. Par définition, le dôme de chaleur est un phénomène météorologique provoqué par une immense masse d’air chaud emprisonnée par des pressions atmosphériques qui l’empêchent de se diluer. Ce système de haute pression persistant, que l’on peut comparer à l’effet d’un couvercle sur une casserole, produit donc un dôme durant les saisons chaudes, avec comme conséquence l’apparition de chaleurs caniculaires. « Nous vivons le milieu du cycle solaire n°25 qui se caractérise par une intensité de l’activité solaire associée au fait que nous sommes passés du phénomène de La Niña (froideur des eaux de l’est et du centre de l’océan Pacifique tropical) au cours des trois dernières saisons au phénomène El Niño depuis le printemps dernier (réchauffement des eaux de l’océan Pacifique tropical) qui produit des températures record en été associées à des taux d’humidité élevés qui entraînent une augmentation de la sensation de chaleur. C’est le phénomène El Niño qui a produit ce dôme de chaleur », explique Dr Gamal Al-Sayed. Il précise que cette hausse des températures et l’augmentation des taux d’évaporation des eaux des mers entraîneront des phénomènes météorologiques violents dans le monde entier au cours de l’automne et de l’hiver prochains.

Etés plus chauds, hivers plus froids

C’est ainsi que la majorité des pays arabes, y compris l’Egypte, risquent de témoigner, en automne, d’inondations et de pluies torrentielles. En Egypte, le risque concerne notamment le Sinaï, la chaîne montagneuse de la mer Rouge, ainsi que le centre et le sud de la Haute-Egypte. Des tempêtes sont à prévoir sur la Côte-Nord, le Delta et Le Caire. Il en sera de même dans les pays arabes, que ce soit l’Arabie saoudite, les pays du Golfe, du Levant ou du Maghreb arabe qui connaîtront des précipitations au-dessus de la normale, voire des pluies torrentielles. Quant à l’hiver, il sera très froid avec des pluies sur les régions élevées.

En effet, une étude publiée en 2020 dans la revue scientifique PLOS ONE prévoit des hausses de température de 4°C et 7°C au cours du 21e siècle dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, ainsi que des canicules sur 80 % des capitales arabes pendant près de la moitié des jours de l’année. Ces résultats sont confirmés par une autre étude, publiée dans la revue Climate and Atmospheric Science affiliée à la fondation Nature, qui indique que le réchauffement climatique dans la région méditerranéenne, y compris le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, deviendra de plus en plus évident à mesure que progresse le 21e siècle pour atteindre son apogée à la fin du siècle.

Selon l’expert, ces changements météorologiques représentent un grand défi pour les autorités des pays influencés qui doivent faire preuve d’une grande vigilance. « En Egypte, avant l’automne, nous devons accorder un intérêt prioritaire à la purification des cours de pluies et améliorer notre infrastructure pour être disposés à assimiler les énormes quantités de pluies prévues. En été, il incombe au ministère de l’Agriculture d’orienter les agriculteurs pour protéger leurs plantations face aux températures élevées et aussi pendant l’automne face aux pluies », explique-t-il.

Dans ce même contexte, l’Organisme météorologique a mis en garde les citoyens contre l’exposition directe au soleil, surtout autour de midi, notamment avec les niveaux élevés d’humidité qui contribuent à augmenter la sensation de chaleur d’environ 3 degrés. De son côté, le ministère de la Santé et de la Population a fourni des conseils importants aux citoyens pour les protéger contre le stress thermique, les coups de soleil et de chaleur, confirmant que les hôpitaux ont déclaré l’état d’urgence majeur dans tous les gouvernorats du pays.

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