Un grand nombre de pays font face à une pénurie croissante des ressources en eau, ce qui nécessite une utilisation plus efficace de l’eau dans l’irrigation. L’Institut des Recherches sur l’Environnement Durable (IRED) de l’Université américaine du Caire, en coopération avec le centre
Global de Colombie pour le Moyen-Orient et l’Université américaine de Beyrouth, ont lancé une étude pour analyser le comportement des agriculteurs face à la pénurie d’eau.
L’Egypte en particulier fait face à un grand problème, la population ne cesse d’augmenter et le pays dépend d’une seule source d’eau douce qui est le Nil. Résultat: une pénurie d’eau qui a un impact sur la production agricole et la sécurité alimentaire.
Selon Hagar Al-Didi, chercheuse à l’IRED, la majeure partie de la production agricole en Egypte est l’oeuvre des agriculteurs locaux. « Nous avons voulu savoir comment ces agriculteurs s’adaptent à la pénurie d’eau et arrivent à des solutions réalistes et efficaces », souligne Al-Didi.
L’institut a mené une étude dans 3 villages égyptiens représentant 3 environnements différents. Le premier est un village urbain du Delta, Choubra Qabala, le second, Imam Malek, est situé dans l’ouest du Delta, et le troisième, Abou-Menqar, est situé dans les oasis du désert Occidental.
« Notre institut jouit de bonnes relations avec ces sociétés agricoles, ce qui nous a permis d’effectuer des rencontres avec des groupes de citoyens dans les villages en question pour savoir comment ces sociétés font face à la pénurie d’eau », explique Richard Tutwiler, directeur de l’IRED,
L’étude révèle que plusieurs agriculteurs ont eu recours aux puits pour faire face au manque des ressources. L’institut estime que la meilleure solution est de s’orienter vers des cultures qui nécessitent moins d’eau, ce qui fut le cas à Abou-Menqar. Des agriculteurs à Abou-Monqar et à Imam Malek ont eu recours à des systèmes d’irrigation par goutte à goutte ainsi que des systèmes d’irrigation par aspersion, ce qui est complètement différent des systèmes d’irrigation par inondation utilisés autrefois. « Les trois villages utilisaient l’irrigation par inondation qui exposait l’eau à la chaleur du soleil et engendrait son évaporation, ce qui a été évité avec le système par goutte à goutte », explique Tutwiler.
Parmi les autres solutions qui peuvent être efficaces pour faire face à la pénurie d’eau dans l’agriculture il y a la modification des dates des semis, qui a commencé à être appliquée dans certains champs. Mais les agriculteurs ont du mal à faire face à la distribution inefficace de l’eau. « L’un des plus grands problèmes que nous avons trouvés en interrogeant les agriculteurs c’est que la crise n’est pas seulement due au manque d’eau, mais aussi à une distribution inefficace de celle-ci », explique Tina Jaskolski, coordonnatrice de l’IRED et gestionnaire du projet de l’étude. « Les agriculteurs dont les terrains sont situés à la fin d’un canal d’irrigation obtiennent beaucoup moins d’eau que ceux qui sont au début du même canal. Ils ne peuvent pas compter sur les heures d’ouverture des canaux d’irrigation par le gouvernement. C’est pourquoi ils utilisent beaucoup d’eau en irrigation quand ils ont de l’eau, pour compenser des jours et des semaines d’irrigation insuffisante, ce qui endommage les sols et les cultures », indique Jaskolski.
L’institut recommande des solutions locales durables comme le fait d’encourager les agriculteurs à l’irrigation par goutte à goutte et la modification des dates des semis afin de diminuer l’impact négatif du manque d’eau sur l’agriculture. « Ces solutions locales peuvent être soutenues en partageant avec les agriculteurs les coûts d’installation du système d’irrigation par goutte à goutte ou celui par aspersion, et en aidant les agriculteurs à choisir de nouvelles variétés qui résistent à la sécheresse », déclare Jaskolski. Il est de même indispensable de coordonner avec les associations d’agriculteurs afin de favoriser une gestion plus efficace des ressources en eau.
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