Al-Ahram Hebdo : Est-il correct de dire que l’eau est le défi majeur du monde arabe ?
Hussein El-Atfi : Bien sûr que oui : le déficit entre l’offre et la demande en eau s’élève à 120 milliards de m3 par an (43 selon le PNUD, ndlr). Le déficit en Egypte est de 20 milliards de m3 par an. La part d’eau par habitant dans la région est de 500 à 600 m3 par an et cette part diminue dans certains pays jusqu’à 200 m3. Pour assimiler l’ampleur du défi, il suffit de savoir que le seuil de pauvreté en eau a été fixé à 1 000 m3 par an et par habitant. Au niveau mondial, la moyenne est de 4 000 m3.
— Qu’est-ce qui manque aux pays arabes pour être capables d’affronter les impacts négatifs des changements climatiques sur les ressources en eau ?
— D’abord, il faut faire comprendre aux décideurs l’importance des efforts d’adaptation et leur faire sentir que c’est une priorité et non un luxe. On compte promouvoir le dialogue sur l’adaptation aux changements climatiques dans une session spéciale durant le 3e Forum arabe de l’eau prévu pour décembre 2014, en vue du Forum mondial de l’eau en 2015. Il est également nécessaire de sensibiliser les responsables dans les ministères concernés aux nouveautés dans le domaine de l’adaptation ainsi qu’aux différents fonds qui financent les activités d’atténuation et d’adaptation. Le Conseil arabe de l’eau a commencé à travailler avec certains pays sur des projets-pilotes d’adaptation notamment à travers le programme de l’adaptation aux changements climatiques dans le secteur de l’eau dans la région MENA (ACCWaM).
— Quels sont ces projets ?
— Le projet sur lequel travaille la Jordanie, par exemple, vise l’installation d’une ferme d’énergie solaire dans le Bassin d’Al-Azraq. Ce projet, qui semble être un projet énergétique, est un projet qui aidera à arrêter l’épuisement de la nappe phréatique dans cette région où l’activité principale est l’agriculture, à cause de l’absence d’autres activités économiques. L’irrigation est faite à travers les puits qui sont creusés par les citoyens sans aucune sorte de contrôle du côté du gouvernement, ce qui mène à une surexploitation qui aboutira à l’épuisement de la nappe phréatique. L’idée est donc de trouver une activité rentable économiquement pour les agriculteurs de la région concernée, afin qu’ils arrêtent la surexploitation de l’eau souterraine. Le projet vise à profiter de la nouvelle loi promulguée en 2012 par le gouvernement jordanien et qui engage ce dernier à acheter l’énergie renouvelable produite par les citoyens.
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