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Un début de sauvetage

Dalia Abdel-Salam, Mardi, 16 octobre 2012

Cette région sur la mer Rouge à quelque 800 kilomètres au sud du Caire endure des comportements humains irresponsables. Heureusement, des initiatives apparaissent pour la préserver.

Marsa Alam
(Photos: HEPCA)

Marsa moubarak et marsa shouna, à 55 et 45 kilomètres respectivement au nord de Marsa Alam, sont en danger. Au sud de Port-Ghaleb, ces sites caractérisés par un environnement sensible renfermant des coraux, des varechs, des tortues marines et des dugongs (mammifères marins au corps fuselé) souffrent du tourisme irresponsable. Ces écosystèmes sont, en effet, exposés à d’importantes menaces en raison du développement touristique dans la région et la multiplication du nombre de plongeurs. Un plan de gestion intégrée fait défaut pour la région afin d’éviter la détérioration des écosystèmes fragiles qui ne peuvent être compensés.

Marsa Moubarak et Marsa Shouna sont entourés d’une ceinture de coraux qui s’étend du nord au sud. Ils accueillent de larges jardins de coraux durs, habitat idéal pour des variétés de poissons coralliens. La partie sud du site de Marsa Moubarak, exposée aux forts courants, est régulièrement approchée par de gros poissons. Le site est fréquenté par des cétacés qui peuvent parfois être attirés par la présence humaine. C’est un refuge idéal pour les tortues marines vertes et des mammifères rares comme le dugong. Ce dernier se trouvait auparavant à Marsa Abou-Dabab, à 15 kilomètres au sud, mais le tourisme de masse dans cette région et l’absence de surveillance des responsables a poussé ce mammifère à trouver un site plus calme. Mais voilà qu’aujourd’hui, cet animal en voie d’extinction est à nouveau menacé. L’un des deux seuls représentants de l’ordre des siréniens voit d’ailleurs sa population diminuer dans toutes les eaux du globe face à une pression anthropique de plus en plus forte. Si rien n’est fait pour préserver leur habitat, les placides mammifères marins pourraient bien prendre le chemin de l’extinction. Plonger à Marsa Alam est une expérience unique. Marsa Shouna propose 3 sites de plongée : l’un fermé (protégé des courants) et deux autres récifs ouverts. L’intérêt majeur de ce site près du Port-Ghaleb est la quantité spectaculaire de poissons platax, protégés des courants forts par la profondeur.

Marsa Moubarak et Marsa Shouna se trouvent près de Port-Ghaleb, ce qui les place sous la menace des bateaux qui s’y arrêtent au quotidien, au rythme de 20 par jour. Ces embarcations de tourisme multiplient les allers-retours entre Port-Ghaleb et Marsa Moubarak. Sans compter que les produits chimiques utilisés pour leur nettoyage sont directement versés dans l’eau, ce qui agresse l’écosystème marin. Chacun des bateaux transporte quelque 30 plongeurs. Ils partent à la recherche des tortues qui sont elles aussi malmenées. A quoi s’ajoutent aussi les dégâts provoqués par les pêcheurs. « Les plongeurs ont trouvé des tortues marines dans les filets gigantesques placés par les pêcheurs pour attraper la plus grande quantité possible de poissons », explique Ahmad Chawqi, directeur du bureau des réserves naturelles à Marsa Alam.

Aborder les problématiques

Les rangers (garde-nature) qui dépendent du Secteur de la protection de la nature de l’Agence égyptienne pour les affaires de l’environnement ont procédé à des tournées marines pour surveiller les régions concernées, et cela en partant de Port-Ghaleb, en direction de Marsa Moubarak et Marsa Shouna. « Nous avons effectué plusieurs plongées pour évaluer la situation des coraux et avons ouvert le bureau des réserves naturelles de Port-Ghaleb afin de contrôler la région », affirme Ahmad Chawqi.

Le secteur des réserves à Marsa Alam a ensuite invité l’un des directeurs de centres de plongée, pour aborder les problématiques de la région et les résoudre. « Nous sommes allés ensemble la semaine dernière voir la situation de nos propre yeux. Puis nous avons organisé une réunion avec tous les autres directeurs des centres de plongée à Port-Ghaleb, pour créer les bases des mesures nécessaires pour une gestion intégrée qui soit approuvée par toutes les parties prenantes », indique M. Chawqi.

Le directeur d’un centre de plongée a même proposé de loger l’un des rangers à Port-Ghaleb, afin qu’il puisse surveiller et contrôler la région, tandis qu’une tournée marine hebdomadaire sera effectuée.

Ces initiatives pourront peut-être éviter que d’autres sites de plongée des alentours ou ailleurs dans le pays soient victimes de l’irresponsabilité des visiteurs.

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