«le soutien financier arabe à l’Egypte ne durera pas. Le Caire doit réfléchir à des solutions innovantes et non conventionnelles ». C’est la déclaration d’un responsable émirati lors de la visite aux Emirats effectuée récemment par le premier ministre égyptien, Hazem Al-Beblawi. Une déclaration que les responsables du gouvernement par intérim et les spécialistes de l’environnement doivent prendre au sérieux.
Ainsi, parallèlement, des experts concernés se sont réunis lors d’un atelier organisé au Caire du 28 au 30 octobre, portant sur les questions environnementales urgentes. Ils ont appelé l’Etat à se lancer dans des projets de développement durable afin de combler les besoins de l’Egypte, notamment dans le domaine de l’eau et de l’énergie, et de mettre un terme aux problèmes de gestion des déchets solides.
Lors des trois jours de l’atelier organisé par l’Agence Egyptienne pour les Affaires de l’Environnement (AEAE) et l’agence allemande Friedrich Naumann, les intervenants ont insisté sur l’importance d’accélérer les processus d’investissement dans l’économie verte. « C’est une période critique que vit l’Egypte compte tenu du nombre des défis, sur le plan local comme étranger, qu’elle doit relever. C’est ce qui pousse à adopter des stratégies basées sur des solutions vraiment innovantes qui mettent un terme à toutes les difficultés vécues par le gouvernement et la population. Il faut que les responsables soient convaincus que les projets de développement durable et d’exploitation durable des ressources environnementales et humaines régleront les difficultés économiques du pays », explique Hussein Abaza, ancien responsable du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE). Et de préciser : « Le gouvernement actuel doit, à tout prix, lancer des investissements dans les domaines des énergies renouvelables, solaire et éolienne, des réseaux hydrauliques qui diminuent les pertes de l’eau, outre les projets de dessalement des eaux phréatiques et de la mer. L’Etat doit également adopter l’agriculture durable qui consomme peu d’eau et d’énergie et réduit l’usage des engrais chimiques, le transport durable ami de l’environnement, et encourager l’industrie et la technologie propre. C’est ce qui assure la sécurité dans les domaines de l’eau, l’énergie et la nourriture qui sont prioritaires pour l’Egypte ». Abaza n’a pas manqué de rappeler aux responsables de l’énergie en Egypte que la Banque mondiale et les instances internationales ne financent plus les projets civils d’énergie nucléaire en raison des risques environnementaux. Il souligne l’importance de réaliser en Egypte le principe international du « développement durable intégral », qui vise le développement dans les secteurs social, environnemental et économique, sans nuire aux ressources naturelles.
Pour les déchets solides, l’Etat est appelé à créer des facultés et des écoles spécialisées dans le recyclage et le traitement de différentes sortes de déchets. « Le problème des déchets en Egypte est un problème de gestion. Avant de prendre les premiers pas pour réaliser un projet, il faut penser aux déchets qui en résultent et détenir un plan de traitement. A ceux qui pensent au charbon comme combustible dans les usines, je dis : Comment allez-vous traiter la pollution causée ? Raison pour laquelle je plaide pour des écoles ou instituts spécialisés qui formeraient de vrais cadres en la matière », assure Mounir Bouchra Mina, spécialiste des déchets solides et directeur d’un projet égypto-italien mis en place au gouvernorat de Minya, en Haute-Egypte.
Personnel spécialisé
La question des déchets en Egypte ne demande pas seulement des écoles spécialisées. Il faut de même une administration dans l’AEAE. Durant l’atelier, la ministre d’Etat pour les Affaires de l’environnement, Laïla Iskandar, a laissé entendre que le dossier de la création d’une nouvelle administration a été soumis au Conseil des ministres. Cette administration comptera du personnel spécialisé dans le domaine des déchets solides, agricoles, industriels et dangereux.
De son côté, le ministre de la Planification, Achraf Al-Arabi, a déclaré la semaine dernière que des réunions étaient en cours pour appliquer en la matière la future stratégie de l’Egypte après 2015. Une nouvelle stratégie qui prendra en considération les évolutions et changements sur la scène nationale, mondiale et régionale, afin de réaliser le développement durable notamment sur le plan des terres agricoles après les agressions commises ces dernières années. Des déclarations qui nécessitent du travail sur le terrain pour voir le jour, comme ceux réalisés au niveau de la limitation des déjections industrielles dans le Nil. Selon les statistiques des organisations de la société civile luttant contre la pollution fluviale, près de 95 % des usines dans le Delta et en Haute-Egypte ont cessé cette pratique néfaste. « Nous jouons dans les temps additionnels ! Il faut exercer des pressions pour que le gouvernement réagisse », insiste Abaza. Agir sans délai, tel est l’objectif de la période à venir.
Contenir une marée noire en Méditerranée
C’est une manoeuvre originale en Méditerranée. Il s’agit de la première, sur les côtes d’Alexandrie, visant l’application du plan national de lutte contre la pollution marine causée par le pétrole. Elle est le fruit de la coopération entre le ministère d’Etat pour les Affaires de l’environnement, l’Autorité nationale du pétrole, la compagnie Petrosafe pour les services environnementaux et la sûreté pétrolière ainsi que l’Académie arabe pour le transport maritime.
La manoeuvre a eu lieu le 30 octobre, dans le cadre de la stratégie nationale intitulée « Misr Al-Mahroussa 1 », (l’Egypte protégée 1), qui vise à rendre plus efficaces les ministères concernés par la lutte contre les marées noires et la pollution pétrolière sur les côtes et fleuves. Cette manoeuvre a consisté à lutter contre une pollution marine causée par une marée noire fictive, dans la zone de l’ouest d’Alexandrie, au large de Sidi Kreir.
Des mesures ont été prises pour contenir l’infiltration du pétrole et nettoyer les côtes polluées. « Le scénario portait sur la collision entre deux navires causant des infiltrations de pétrole dans des conditions météorologiques difficiles. L’évaluation consiste à voir les réactions d’urgence de l’équipement des navires, des appareils du port le plus proche du lieu de l’accident, des différentes équipes de lutte contre la pollution marine des ministères du Pétrole et de l’Environnement, ainsi que des préparatifs de la société des services de sûreté. Les responsables de chaque appareil et ministère concerné observent la manoeuvre d’une salle d’opération au Caire afin d’évaluer toutes les opérations de lutte », explique Mahmoud Ismaïl, spécialiste de la protection de l’environnement marin et ancien directeur de l’administration de la lutte contre la pollution du pétrole au sein de l’Agence Egyptienne pour les Affaires de l’Environnement (AEAE).
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